Quand le jeu vidéo parle d’écologie. Vers un jeu vidéo "vert"?
Par Yann-François LE GOFF
chargé de qualité
VEOLIA transdev
Posté le: 05/02/2013 14:27
Depuis quelques années nous assistons à l'explosion du jeu vidéo. A titre d'exemple, les bénéfices engrangés grâce aux ventes de la franchise "Call of Duty" ont dépassé ceux réalisés sur le nombre d'entrées au cinéma par les sagas Harry Potter et Star wars. Bobby Kotick, le PDG d'Activision, n'est pas peu fier d'avoir ainsi distancé "les deux plus grosses franchises de tous les temps", selon ses propres termes.
Le dernier opus de la licence "Call of Duty Back Ops 2" a généré 500 millions de dollars de chiffres d'affaires, et cela en seulement 24h.
La question environnementale semble s'être invité dans l'industrie vidéoludique à travers deux évolutions distinctes. La première consacre la disparition des manuels et autre livrets en papier traditionnellement fournis dans les boites de jeux vidéo. La seconde, fustigée par les vendeurs spécialisés mais aussi par tout un pan de la communauté des "gamers", est la dématérialisation pure et simple du support.
De La disparition des manuels papiers:
Présent dans les boites de jeux vidéos depuis de nombreuses années, ces manuels ont pour fonction première d'être des notices d'utilisation des jeux qu'elles accompagnent. Très vite elles se sont enrichies de photos et d'explications supplémentaires sur le "backgrund" du jeu : l'histoire, le scénario et des descriptifs sur les personnages principaux. Devenant ainsi avec le temps pour les aficionados des objets de collections ou tout simplement indispensable pour les "gameurs".
Pourtant le 19 avril 2010 Ubisoft annonce la suppression de tout les manuels papiers de ses jeux, suivit ensuite par d'autres éditeurs comme E.A (Electronic Arts) au début de l'année 2011. Aujourd'hui ces notices ont presque toutes disparues au grand dam de nombreux joueurs. Le motif invoqué par les éditeurs est simple et à priori légitime : la substitution de ces notices papiers par un code permettant de les télécharger en pdf depuis son ordinateur permet une économie de papier, et donc une réduction non négligeable du nombre de déchets. Ceci dans le respect de la directive Européenne 2006/12 en date du 05/04/2006 sur la mise e place d'une politique de réduction des déchets.
Cependant, d'aucuns pensent que les éditeurs seraient motivés par un soucis économique plutôt qu'une véritable conscience écologique. En effet, certains jeux développés par ces mêmes firmes sont souvent vendus dans d'autres éditions appelés "collector" ou "premium" contenant alors de nombreux bonus, qu'on pourrait jugés accessoires, allant de la notice précédemment supprimé au "bunddle" contenant entre autre de nombreux stickers et autocollants des plus polluants...
A une dématérialisation du jeu vidéo:
La dématérialisation est la suppression pure et simple du support physique ; les jeux vidéos sont alors disponible à l'achat en version électronique.
Le monde vidéoludique P.C (les jeux vidéo sur ordinateur) est habitué depuis près d'une décennie à ce système : la plateforme de distribution de contenu payant Steam du géant Valve connait un véritable succès.
La dématérialisation permet assurément d'amoindrir la pollution. En effet, l'impact écologique des services sous forme électronique et bien moindre, en terme de consommation de matières premières et bien sûre de production de déchets : fin du packaging, des stocks (en entrepôts comme en magasin), et suppression de la consommation de carburant liée au transport des produits de l'usine au magasin, provoquant de ce fait une baisse non négligeable d'émission de co2.
Si les avantages écologiques sont certains, une résistance tenace à cette évolution existe dans le monde vidéoludique des consoles de jeux. Ainsi, lancé en octobre 2009, la PSP GO (console portable de Sony), première console entièrement dématérialisé, a été "boudée" par les consommateurs. Et, plus surprenant, par les professionnels de la vente qui ont souvent soigneusement évité de mettre en valeur la console dans leur boutique. Voire même "caché" cette dernière : les clients désireux de se procurer
l'appareil devaient expressément le demander aux vendeurs, celui-ci n'étant pas visible en rayon.
En effet, la dématérialisation est un formidable outil pour lutter contre le marché de l'occasion considéré par les éditeurs de jeux comme une "bête noire" au même titre que le piratage, véritable manque à gagner.
La prochaine bataille pour ces grands groupes est donc d'imposer le "tout électronique" au marché. Si les enjeux écologiques sont bien réels, les considérations économiques apparaissent comme le premier leitmotiv des fabriquants. La prochaine Playstation 4 de Sony pourrait être équipée d'un dispositif empêchant la lecture de jeux non-neuf.