
Santé - Sécurité au Travail : Travail de nuit - mieux comprendre les risques pour agir en prévention
Par Yao Jean-Jacques KOUADIO
Stagiaire Ingénieur QHSE
VINCI Oil & Gas
Posté le: 18/03/2025 16:15
Le travail de nuit est un sujet de préoccupation croissant en raison de ses effets significatifs sur la santé et la sécurité des salariés. À l'occasion de la Journée nationale du sommeil qui se tiendra le 14 mars 2025, l'Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) souligne l'importance de sensibiliser le public aux risques associés à ce type de travail. Le travail en horaires atypiques, qui inclut le travail de nuit, les rythmes cycliques comme le travail posté en 3x8, ainsi que le travail le week-end, peut engendrer des menaces pour la santé des travailleurs. En particulier, le travail de nuit est souvent lié à une désynchronisation de l'horloge biologique, ce qui peut entraîner une dette de sommeil. Cette situation a des répercussions non seulement sur la santé physique des employés, entraînant des troubles du sommeil ou des problèmes métaboliques, mais également sur leur sécurité, car la somnolence et la baisse de vigilance augmentent le risque d'accidents.
Pour mieux comprendre et prévenir les risques liés au travail de nuit, il est essentiel de reconnaître certaines réalités. Tout d'abord, il est important de noter qu'on ne s'habitue jamais vraiment au travail nocturne. L'être humain étant naturellement diurne, travailler la nuit expose les individus à divers troubles et pathologies. Même après plusieurs années de travail de nuit, l'adaptation complète reste illusoire, ce qui entraîne une diminution de la vigilance et une hausse des risques de somnolence, augmentant ainsi la fréquence et la gravité des accidents du travail.
De plus, l'expérience acquise dans ce type de travail n'élimine pas les périodes de baisse de vigilance, qui se produisent généralement entre 2 heures et 5 heures du matin. La seule méthode efficace pour lutter contre la somnolence est l'adoption de micro-siestes durant les heures de travail. Par ailleurs, le travail de nuit a des répercussions sur la santé mentale, augmentant la probabilité de souffrir de troubles tels que la dépression et l'anxiété. Ces problèmes sont souvent liés aux perturbations du sommeil, aux difficultés de gestion de la vie sociale et familiale, ainsi qu'à une exposition accrue aux facteurs de risques psychosociaux dans des environnements de travail atypiques.
Cependant, il est crucial de souligner que les risques associés au travail de nuit ne sont pas une fatalité. Lorsqu'il est impossible d'éviter le travail nocturne, des pratiques organisationnelles peuvent être mises en œuvre pour atténuer ses effets néfastes. Par exemple, il est possible d'agir sur l'organisation du travail en adaptant le contenu des tâches, en limitant les efforts physiques et cognitifs, notamment en fin de poste, et en privilégiant des rotations rapides pour les équipes en poste. L'organisation de pauses pour des micro-siestes et l'affectation de postes de nuit à des salariés volontaires sont également des mesures bénéfiques.
En outre, l'adaptation des horaires de travail est primordiale pour réduire les impacts négatifs. Éviter les postes de travail longs, supérieurs à 8 heures, et repousser l'heure de prise de poste du matin après 6 heures sont des stratégies recommandées. L'aménagement des locaux de travail joue également un rôle clé : il est conseillé de revoir l'environnement lumineux, en offrant une intensité lumineuse élevée en début de poste et réduite en fin de poste, ainsi que de créer des salles de pause dédiées à la micro-sieste.
Enfin, il est essentiel de former et d'informer les salariés sur les conséquences du travail de nuit sur leur santé, ainsi que sur les bonnes pratiques en matière de gestion du sommeil et de l'alimentation. En adoptant une approche proactive et éclairée, les entreprises peuvent non seulement protéger la santé de leurs employés, mais aussi améliorer leur sécurité au travail.