La Guyane fait face à un double défi : préserver une biodiversité exceptionnelle, parmi les plus riches au monde, tout en développant une agriculture capable de nourrir la population locale. La forte dépendance aux importations alimentaires rend nécessaire l’essor d’une production agricole locale, mais cet enjeu se heurte aux impératifs environnementaux stricts qui visent à protéger les forêts tropicales et les écosystèmes fragiles.

Dans ce contexte, les formations agricoles et environnementales jouent un rôle crucial.

Le BTSA DARC (Développement de l’Agriculture des Régions Chaudes) et le BTS GPN (Gestion et Protection de la Nature), dispensés au lycée agricole de Guyane, forment les futurs professionnels capables de relever ce défi. Ils doivent apprendre à concilier exploitation des ressources naturelles et respect des écosystèmes, en s’appuyant sur un cadre juridique exigeant.

En Guyane, territoire riche en biodiversité mais confronté aux défis du développement agricole, la formation des futurs professionnels est un enjeu clé. Le BTSA DARC (Développement de l'Agriculture des Régions Chaudes) et le BTS GPN (Gestion et Protection de la Nature), proposés par le lycée agricole de Guyane, forment des acteurs capables de concilier préservation des écosystèmes et dynamisation de l’agriculture locale.
Ces formations s’inscrivent dans un cadre juridique structurant, où les lois sur la protection de l’environnement et les réglementations agricoles imposent de repenser l’aménagement du territoire de manière durable. Cet article examine comment ces diplômes permettent de répondre aux enjeux locaux, en formant des acteurs capables de trouver un compromis durable entre développement agricole et préservation de la biodiversité, en s’appuyant sur les textes de loi en vigueur.

I. Un cadre réglementaire exigeant pour concilier agriculture et biodiversité
1. La protection juridique des écosystèmes en Guyane
La Guyane est soumise à une réglementation environnementale stricte pour préserver son exceptionnelle biodiversité. Parmi les principaux textes de loi applicables :
• Le Code de l’Environnement (articles L411-1 et suivants) impose la protection des espèces et des habitats naturels.
• La loi sur la reconquête de la biodiversité (2016) renforce les obligations de conservation.
• Les directives européennes Natura 2000, qui concernent certaines zones protégées de Guyane, encadrent les activités humaines.
• Le Parc Amazonien de Guyane, plus grande aire protégée de France, limite les pratiques agricoles pour éviter la déforestation.
Ces réglementations influencent directement l’agriculture, en imposant des pratiques respectueuses des milieux naturels. Le BTSA DARC et le BTS GPN intègrent ces aspects juridiques pour préparer les étudiants à travailler dans ce cadre exigeant.
2. L’encadrement juridique du développement agricole :
Face à la nécessité de développer une agriculture locale pour renforcer l’autonomie alimentaire, plusieurs dispositifs législatifs viennent soutenir le secteur :
• Actions d'animation relatives aux mesures agroenvironnementales et climatiques et à l'agriculture biologique en Guyane en 2025
Les objectifs de cet appel à projet sont :
• - encourager les initiatives visant à la massification des modes de production plus durables et efficients d’un point de vue environnemental
• - encourager la formation, la communication, la partage de connaissances, et les démonstrations concrètes autour des réussites locales concernant des modes de production vertueux du point de vue agro-environnemental
• - favoriser toute action visant à l’augmentation des surfaces et/ou du nombre d’exploitants en conversion ou certifié en agriculture biologique
• - développer les liaisons mise en place entre les acteurs AB régionaux afin de permettre l’expression des besoins des professionnels de la filière AB (agriculteurs, coopératives, entreprises de transformation, de distribution, etc.).
• Les crédits attribués sont mobilisés par le ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.
• Ils visent à financer les actions mises en œuvre par les structures éligibles au cours de l'année 2025.
Ces actions encouragent l’agriculture durable et bénéficie d’aides publiques.
• La loi d’orientation agricole qui fait de la souveraineté alimentaire un objectif structurant des politiques publiques. Le code rural et de la pêche maritime est modifié en ce sens. Il affirme désormais le caractère d’intérêt général majeur de l’agriculture et de la pêche, ainsi que leur "intérêt fondamental", en tant qu’elles garantissent la souveraineté alimentaire de la Nation.

La souveraineté alimentaire est définie "comme le maintien et le développement des capacités de la Nation à produire, à transformer et à distribuer les produits agricoles et alimentaires nécessaires à l’accès de l’ensemble de la population à une alimentation saine, et le soutien des capacités exportatrices contribuant à la sécurité alimentaire mondiale". Plusieurs priorités lui sont assignées : assurer la pérennité et l’attractivité de l’agriculture, faciliter les installations et transmissions d'exploitations, le renouvellement des générations et la juste rémunération des agriculteurs... Les aides à l’installation pour les jeunes agriculteurs, conditionnées à la mise en place de pratiques durables (ex. : limitation des intrants chimiques, préservation des sols).
Les formations proposées au lycée agricole de Guyane sensibilisent les futurs professionnels à ces exigences légales et leur donnent les outils pour naviguer dans ce cadre réglementaire.
II. Le rôle clé du BTSA DARC et du BTS GPN dans la recherche d’un compromis durable
1. Le BTSA DARC : développer une agriculture adaptée aux régions chaudes
Le BTSA DARC forme des professionnels capables d’adapter les systèmes agricoles aux conditions tropicales tout en respectant les enjeux environnementaux. Il permet de :
• Mettre en place des systèmes de production agroécologiques adaptés aux climats chauds.
• Développer des stratégies de gestion de l’eau et des sols pour lutter contre l’érosion et la déforestation.
• Accompagner les agriculteurs vers des pratiques plus durables, en tenant compte des contraintes législatives et climatiques.
Grâce à une formation en agronomie tropicale, économie rurale et gestion des ressources, les diplômés du BTSA DARC deviennent des acteurs clés du développement agricole durable en Guyane.
2. Le BTS GPN : protéger et gérer les espaces naturels
Le BTS GPN prépare des spécialistes de la gestion et de la préservation des milieux naturels. En Guyane, il revêt une importance particulière, car il permet de :
• Travailler sur la gestion des espaces protégés en lien avec la législation environnementale.
• Sensibiliser les agriculteurs et acteurs locaux aux bonnes pratiques pour limiter l’impact des cultures sur la biodiversité.
• Participer à la mise en place de mesures compensatoires en cas de conflits entre développement agricole et préservation écologique.
Les diplômés du BTS GPN jouent un rôle clé dans l’application des réglementations environnementales et dans la sensibilisation aux enjeux de conservation.
Conclusion
Ces deux formations complémentaires permettent de former des professionnels capables de trouver un compromis entre développement agricole et protection de l’environnement. Elles s’inscrivent dans une dynamique de transition agroécologique et de gestion durable des ressources naturelles, conforme aux réglementations en vigueur.
Le BTSA DARC et le BTS GPN du lycée agricole de Guyane forment des professionnels essentiels pour l’avenir du territoire. En tenant compte des contraintes légales et des impératifs écologiques, ils permettent d’accompagner une agriculture responsable et durable. Face aux défis du changement climatique et de la préservation de la biodiversité, ces formations jouent un rôle clé dans l’équilibre entre progrès agricole et respect des écosystèmes guyanais.

Jimmy HUSSON

Conseiller chambre d'agriculture de Guyane