Un an après son entrée en vigueur, l’obligation de tri à la source des déchets verts et alimentaires n’est toujours pas respectée. Le manque de financements de l’État pour équiper et sensibiliser les ménages est pointé du doigt.
Saviez-vous que depuis le 1er janvier 2024, tous les Français sont censés trier leurs biodéchets ? Épluchures, restes de repas, feuilles mortes… Nous jetons en moyenne 83 kilos de déchets verts et alimentaires par an – soit un tiers du contenu de nos poubelles ménagères. Quand ils ne sont pas incinérés inutilement, ils sont enfouis dans des décharges et émettent du méthane, « un gaz à effet de serre dont le potentiel de réchauffement global sur 100 ans est 28 fois plus fort que le CO2 », explique Manon Richert, de l’association Zero Waste France.
Compostés ou triés, les biodéchets permettent pourtant de « nourrir les sols » ou de « produire du biogaz, par exemple pour faire fonctionner les bus de ville », souligne-t-elle. Alors depuis le début de l’année, toutes les collectivités sont obligées de proposer une solution de tri à leurs administrés. Du moins en théorie. Après un gros retard à l’allumage, seulement 40 % des Français étaient équipés en milieu d’année, selon l’Ademe (l’Agence de la transition écologique).
4 Français sur 10 sans solution
Et maintenant ? D’après une étude OpinionWay pour Sulo (*), une entreprise qui fabrique des bacs et des conteneurs à déchets, ils sont désormais 59 %. Pas suffisant, pour Zero Waste France, qui dénonce « l’insuffisance des moyens financiers alloués » par l’État aux collectivités. Le fonds vert, qui leur est dédié, est suspendu en attendant le vote du budget. Avant sa censure, le gouvernement Barnier prévoyait un coup de rabot de 1,5 milliard d’euros sur les 2,5 milliards accordés en 2024, avant la disparition de l’enveloppe en 2027.
Pour Manon Richert, ce manque de financement ne permet pas de « mettre en œuvre les actions d’accompagnement adéquates ». Concrètement, pour organiser le tri à la source des biodéchets, les collectivités ont trois options : proposer à leur population des composteurs individuels ou collectifs, installer des points d’apport volontaire (comme pour le verre) ou organiser une collecte en porte-à-porte, comme pour les emballages.
Pour le ministère de la Transition écologique et Zero Waste France, c’est cette dernière solution qui doit être préférée car plus « pratique ». Mais les collectivités rechignent à l’adopter : « Cela nécessite la mise en place de camions et la distribution de bacs » (les poubelles marron) – un dispositif que les collectivités jugent trop coûteux, alors même que les coûts liés à l'incinération et à l'enfouissement sont amenés à augmenter, regrette Manon Richert.


Zero Waste France réclame aussi la mise en place d’objectifs chiffrés de réduction des biodéchets dans les ordures ménagères. Aujourd’hui, les collectivités ne sont contraintes par aucune obligation de résultat et ne risquent rien si elles ne respectent pas la loi. Mais avant de les sanctionner, il faut surtout « leur donner les moyens de réussir », insiste Manon Richert. Du côté de l’exécutif, on botte en touche : il n’est pas prévu de rendre la mesure plus coercitive, selon une source ministérielle. Quant au fonds vert, il « a permis de répondre à l’ensemble des demandes exprimées par les collectivités », répond le ministère de la Transition écologique.




Sources:
-www.dauphine.com
- www.actu.environnement.com