Gouvernance : Agnès Pannier-Runacher reste ministre de la Transition écologique mais perd l'énergie
Par Yao Jean-Jacques KOUADIO
Posté le: 25/12/2024 21
La réorganisation récente du gouvernement français, annoncée le 23 décembre, a suscité de vives réactions dans le domaine de l'écologie et de la transition énergétique. En effet, alors que François Bayrou demeure responsable de la planification écologique et énergétique, le climat n'est plus mentionné dans le portefeuille d'Agnès Pannier-Runacher, reconduite à son poste de ministre de la Transition écologique. À 50 ans, cette dernière a également perdu du terrain dans l'ordre protocolaire, passant de la neuvième à la douzième place, ce qui soulève des interrogations sur l'importance accordée à ces enjeux cruciaux par le nouveau gouvernement.
Agnès Pannier-Runacher, qui avait précédemment la responsabilité de la Transition écologique, de l'Énergie, du Climat et de la prévention des risques, voit son portefeuille recentré sur la Transition écologique, la Biodiversité, ainsi que de nouvelles attributions liées à la Forêt, à la Mer et à la Pêche. Cette réorganisation a été saluée par Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes chez Canopée, qui souligne que le transfert de la forêt au ministère de l'Écologie est une demande ancienne des ONG environnementales. Ce rattachement est perçu comme un signal positif, renforçant l'importance de la gestion forestière dans le cadre des enjeux écologiques.
Cependant, l'ONG Générations Futures exprime des réserves quant aux choix passés d'Agnès Pannier-Runacher, notamment en ce qui concerne l'autorisation controversée de l'insecticide Movento et la nouvelle stratégie Ecophyto. Ces décisions soulèvent des questions sur son engagement réel en faveur de la réduction des pesticides et sur sa capacité à influencer les politiques environnementales. En outre, l'absence d'un secrétariat d'État dédié à la biodiversité, malgré l'intégration de ce thème dans son intitulé, soulève des doutes quant à la priorité accordée à cette problématique essentielle.
Parallèlement, la réorganisation du gouvernement a entraîné un éclatement des attributions au sein du ministère de l'Écologie. Arnaud Gossement, avocat en droit de l'environnement, souligne que la perte de la mainmise sur la politique énergétique, désormais sous l'autorité du ministère de l'Économie, constitue une inquiétude. Marc Ferracci, reconduit en tant que ministre de l'Industrie et élargi à l'Énergie, a déclaré que l'industrie et l'énergie sont des forces indissociables pour la croissance et l'emploi. Toutefois, cette réorganisation soulève des craintes quant à la possibilité d'un retard dans la préparation des feuilles de route énergétiques essentielles face aux défis climatiques.
Lors de la passation de pouvoir, Agnès Pannier-Runacher a insisté sur l'urgence de traiter les conséquences du cyclone Chido à Mayotte et a réaffirmé son engagement à décliner le Plan national d'adaptation au changement climatique à l'échelle nationale. Elle a également mis en avant la nécessité d'instaurer une économie circulaire et de stopper l'effondrement de la biodiversité, qui reste souvent négligée au profit des enjeux climatiques.
En outre, d'autres changements notables ont eu lieu dans le gouvernement. Le logement et les transports sont désormais sous la responsabilité de François Rebsamen, ministre de l'Aménagement du territoire et de la décentralisation. Ce dernier, ancien maire socialiste de Dijon, a été appelé à mettre en œuvre des mesures rapides pour soutenir le secteur de la construction, en collaboration avec Valérie Létard, ministre en charge du Logement. La Fédération française du bâtiment a salué ces nominations, exprimant son espoir d'une écoute attentive des enjeux du bâtiment et des collectivités locales.
De plus, la nomination de Philippe Tabarot, ancien vice-président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, au poste de ministre chargé des Transports a été bien accueillie. Le Groupement des autorités de transport (Gart) espère qu'il poursuivra les engagements de son prédécesseur en matière de financement des infrastructures de mobilité.
Enfin, la composition du nouveau gouvernement, ainsi que les intitulés des ministères, ont été critiqués par des acteurs du secteur environnemental. Générations Futures a déploré l'absence de la notion de prévention dans le portefeuille de la santé, soulignant que les pollutions environnementales sont à l'origine de nombreuses pathologies évitables. Arnaud Gossement conclut que ces changements témoignent d'une diminution de l'importance accordée à la transition écologique au sein de l'État.