Agroécologie : UE-Mercosur - Ursula von der Leyen signe finalement l'accord controversé
Par Yao Jean-Jacques KOUADIO
Posté le: 22/12/2024 22:55
Le 6 décembre 2024, à Montevideo, en Uruguay, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a annoncé la signature tant attendue de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays du Mercosur, comprenant l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay. Cet accord, qui représente l'aboutissement de négociations entamées il y a vingt-cinq ans, vise à instaurer une double exonération des droits de douane sur une large gamme de produits, tant alimentaires que non alimentaires. En particulier, les exportations latino-américaines de bœuf, de poulet et de sucre bénéficieront d'une exonération, tout comme des produits européens tels que les vêtements, les véhicules et les boissons alcoolisées. Cette mesure devrait générer des économies estimées à 4 milliards d'euros en droits d'exportation pour les entreprises de l'UE chaque année.
Cependant, malgré les avantages économiques potentiels, l'accord a suscité de vives oppositions, notamment de la part de plusieurs gouvernements européens, dont celui de la France. Cette résistance s'explique en partie par des préoccupations environnementales et sociales. Ainsi, la Commission européenne a tenté de répondre à ces inquiétudes en intégrant des garanties visant à protéger les moyens de subsistance des agriculteurs européens. Plus de 350 produits de l'UE bénéficieront d'une indication géographique, ce qui devrait limiter les effets négatifs sur la concurrence. De plus, les exportateurs du Mercosur devront se conformer aux normes strictes de l'UE en matière de santé et de sécurité alimentaires.
Un autre aspect crucial de cet accord est l'engagement des pays du Mercosur à respecter l'Accord de Paris sur le climat, à lutter contre la déforestation et à renforcer les droits des travailleurs dans la région. Pour soutenir ces objectifs, Bruxelles a prévu un budget de 1,8 milliard d'euros destiné à aider ces pays dans leurs transitions numérique et écologique.
Malgré la signature de l'accord, le chemin vers sa ratification semble semé d'embûches. En France, l'Assemblée nationale et le Sénat ont exprimé leur opposition, et d'autres États membres de l'UE partagent ces préoccupations. L'accord, bien que signé, demeure provisoire et attend la ratification des États membres ainsi que du Parlement européen. Pour faciliter ce processus, la Commission envisage de diviser l'accord en deux textes distincts, ce qui pourrait permettre une adoption plus rapide tout en répondant aux préoccupations soulevées. La complexité de cette situation souligne les défis auxquels fait face l'UE dans sa quête d'accords commerciaux équilibrés et durables.