La période estivale rime généralement avec des voyages et des déplacements touristiques. L’importance du tourisme sur l’économie mondiale n’est plus à démontrer. Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), ce secteur pèserait, en fonction des années, jusqu’à 10% du PIB mondial, soit l’équivalent de l’industrie pétrolière ou de l’agroalimentaire. Le tourisme emploierait directement ou indirectement environ 272 millions de personnes dans le monde. De plus en 2020, la France enregistrait près de 90 millions de touristes internationaux, une consommation touristique de plus de 7 % du PIB environ et 2 millions d’emplois (soit 7,8 % des emplois salariés). Toutes ces considérations font du tourisme un secteur clé pour l’économie française . Toutefois, le tourisme suscite des inquiétudes dues à son caractère « carbonophage » et de son incompatibilité avec les objectifs la transition écologique. En effet, le secteur du tourisme serait responsable de 8 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) essentiellement dus à la mobilité et aux hébergements . Le tourisme est également à l’origine de pressions sur les ressources naturelles. Une étude menée en 2017, faisait état de ce que plus de 211 % de consommation annuelle d’eau, plus de 287 % de la consommation annuelle d’énergie et plus 27 % de la production de déchets par rapport à la moyenne nationale sont enregistrées dans les territoires fortement touristiques.
Cet article se propose de faire un rappel sur les enjeux et les principes du tourisme durable.
I. Principes
Souvent connu sous des appellations telles que tourisme local, tourisme bas carbone, slow tourisme ou encore écotourisme, le tourisme durable est un tourisme qui tient compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux, actuels et futurs, et qui répond aux besoins des visiteurs, des professionnels de l’environnement et des communautés d’accueil (Organisation mondiale du tourisme). En 1992 avec l’instauration de l’Agenda 21 le concept de « tourisme durable » a vu le jour . L’objectif à cette époque était de « rendre compatible l’amélioration des conditions environnementales et sociales qui résultent du développement touristique avec le maintien de capacités de développement pour les générations futures ». Ainsi, le tourisme durable va donc intégrer dans ses principes les trois volets du développement durable à savoir : l’Environnement, L’Economie et le Social. Plus concrètement le tourisme durable comprend :
• Une dimension environnementale : qui consiste à faire un usage optimal des ressources environnementales qui sont un élément clé du développement du tourisme, en préservant les processus écologiques essentiels et en contribuant à la conservation des ressources naturelles et de la biodiversité ;
• Une dimension sociale : elle repose sur le respect de l’authenticité socioculturelle des communautés d’accueil, la conservation de leur patrimoine culturel bâti et vivant, ainsi que leurs valeurs traditionnelles, et la contribution à la tolérance et à la compréhension interculturelles ;
• Une dimension économique : elle vise à garantir des activités économiques viables à long terme en apportant à tous les acteurs des retombées socioéconomiques équitablement réparties, notamment des possibilités d’emploi et de revenus stables, des services sociaux aux communautés d’accueil, et en contribuant à la lutte contre la pauvreté.
Ces principes sont conçus pour être applicables à toutes les formes de tourisme et à tous les types de destination.
II. Etats des lieux
Le tourisme durable est un secteur en pleine croissance . Selon l’association ATR (Agir pour un tourisme responsable), il progresserait en moyenne de 20 % par an en France. En 2009, plus de 70 % des voyageurs français affirmaient avoir connaissance de la notion de tourisme durable, toutefois, seulement 4 % reconnaissaient avoir déjà acheté des produits ou services relevant du tourisme durable. Une dizaine d’années plus tard, 76 % des français adhèrent à une prise de conscience et à une transformation de l’offre touristique . Plus récemment, 71 % des Français ont déclaré vouloir voyager de manière plus responsable à l'avenir . De manière générale, il s’agit d’une prise de conscience progressive et de l’appropriation au quotidien de la notion et des enjeux du tourisme durable. Toutefois des initiatives de vulgarisation et de certification en la matière sont de plus en plus répertoriées. L’on citera entre autres l’écolabel européen applicable aux hébergements et le label Agir pour un tourisme responsable (ATR) qui a élargi son audience à tous les professionnels du voyage et afin d’y intégrer de plus engagements environnementaux .
Conclusion
Malheureusement si rien n’est fait les effets du changements climatiques pourraient avoir des impacts négatifs sur les activités touristiques . Face à l’urgence climatique une synergie de tous les acteurs de cette filière (politiques, opérateurs, touristes) est à mettre en place afin de promouvoir un tourisme responsable et limiter les impacts de cette activité sur l’environnement. Acteur de premier rang, le touriste devra intégrer dans son quotidien des comportements, des gestes et le choix des prestations et des destinations qui sont de nature à promouvoir le développement durable.
Pour aller plus loin : Quelques les dates marquantes
1992 : Sommet de Rio, Rio de Janeiro – Agenda 21
1995 : Conférence mondiale du Tourisme durable de Lanzarote, Canaries – Définition des principes du tourisme durable et Charte mondiale du tourisme durable
1999 : Adoption du Code mondial d’éthique du tourisme par l’Assemblée générale de l’OMT
2004 : Actualisation des principes du tourisme durable par le Comité de développement durable du tourisme de l’OMT
2006 : Création du Groupe de Travail International sur le Développement du Tourisme Durable (GTI -DTD)
2017 : Année internationale du tourisme durable pour le développement, proclamée par l’ONU