L’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) a remis le 5 avril un rapport sur le cout de l’adaptation à une France à +4°C au ministre de la Transition écologique, en se basant sur cette trajectoire de réchauffement à l’horizon 2100.

La lutte contre le réchauffement climatique est l’un des combats clés dans les prochaines années et les prévisions du GIEC sont alarmantes. Anticiper les conséquences économiques, dans la mesure où il parait aujourd’hui évident que le réchauffement climatique ne pourra être qu’être freiné au mieux dans les prochaines décennies, est essentiel afin d’assurer un avenir aux générations futures. Les secteurs analysés dans ce rapport sont le bâtiment, les infrastructures de transport terrestre et les productions agricoles végétales.

Les auteurs du rapport indiquent qu’en raison de l’état des données disponibles et la connaissance sur les options d’adaptation ne permet pas, aujourd’hui, de conclure sur un cout total de l’adaptation, mais seulement d’apporter des ordres de grandeur sur les trois secteurs étudiés.
En effet, il parait délicat d’estimer les couts de l’adaptation sans savoir quelles seront les solutions envisagées à chaque problème. Ni même quels seront exactement les problèmes qui apparaitront en cas de réchauffement climatique à +4°C. Le climat étant une science très délicate, basée sur les principes de rétroactions positives et négatives, il est impossible de prévoir concrètement ce qui se passera dans ce scénario.

Le coup de l’adaptation est évalué en additionnant, année après année, les couts d’anticipation (les travaux préventifs pour renforcer la robustesse de l’infrastructure), les couts de réaction (réparations après un évènement climatique) et les pertes résiduelles (pertes de recettes et conséquences socio-économiques liées à une interruption de trafic après un événement climatique).

Dans le secteur du bâtiment, les coûts sont estimés entre 1 et 2,5 milliards d'euros par an pour la construction neuve et environ 4,4 milliards d'euros par an pour le parc existant une fois que les investissements en rénovation énergétique auront atteint leur rythme de croisière pour l'adaptation aux vagues de chaleur. A cela, il faudra ajouter des couts additionnels significatifs pour les nouvelles constructions et les rénovations énergétiques.

Les auteurs estiment que l’adaptation des réseaux routiers et ferroviaire nécessiterait des investissements allant de quelques centaines de millions à quelques milliards d’euros par an pour intégrer la résilience climatique dans les investissements déjà planifiés.

Enfin, le secteur agricole devra s’adapter à l’augmentation variabilité climatique, ce qui entrainera des couts pour maintenir les rendements des cultures principales, estimant ces couts à environ 1,5 milliard d’euro par an. Les auteurs insistent sur le fait que les couts de transformations plus structurels des modèles agricoles sont difficiles à évaluer.
Même si les auteurs de l’étude n’ont pas réussi à remplir la mission qui leur était confiée, à savoir d’évaluer le cout des adaptations du réchauffement climatique dans l’hypothèse d’un réchauffement de +4°C en 2100, les chiffres et ordres de grandeurs apportés permettent de se rendre compte des difficultés et de la potentielle crise économique qui s’annonce. Ils rappellent que les réponses planifiées permettent généralement d’apporter des solutions moins couteuses, soulignant l’importance de la planification dans les prochaines années. Ils mettent en avant la nécessité d’une évaluation régulière des vulnérabilités et des couts d’adaptations, avec une planification à long terme malgré la complexité des enjeux.