INTRODUCTION :

À compter du 1er janvier 2024, conformément au droit européen et à la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre antigaspillage et à l’économie circulaire, le tri des biodéchets est généralisé et concerne tous les professionnels et les particuliers, en effet les déchets alimentaires et restes de repas ne doivent plus être jetés dans les poubelles noires, mais collectés séparément avec pour objectif la valorisation de ces derniers.

Le tri des déchets est défini comme l'ensemble des opérations permettant de les séparer et de les conserver, par catégories, en fonction de leur type et de leur nature.

Le tri à la source des biodéchets, c'est-à-dire au plus près du lieu de génération chez les ménages comme chez les entreprises, est nécessaire pour détourner ce flux de déchet de l’élimination, et permettre un retour au sol de qualité par une valorisation agronomique de ces déchets biodégradables.

Le tri à la source généralisé pourra s’articuler autour de plusieurs solutions avec pour objectif commun d’offrir une solution de tri à la source des biodéchets pour chaque citoyen de France d’ici le 1er janvier 2024. Ces solutions peuvent être, de manière complémentaire, le déploiement de la gestion de proximité des biodéchets, par le développement du compostage domestique (déploiement de composteurs individuels) ou du compostage partagé (déploiement de composteurs de pieds d’immeuble, de quartiers, ou encore en établissement), et le déploiement de la collecte séparée des biodéchets via une collecte supplémentaire à mettre en œuvre.

Pour ce faire le Gouvernement propose aux collectivités des critères indicatifs permettant de définir des solutions techniques de tri à la source des biodéchets : Avis du 6 décembre 2023 relatif aux solutions techniques applicables pour la mise en place du tri à la source des biodéchets dans le cadre du service public de gestion de déchets.

L’article L. 541-1-1 du code de l’environnement définit les biodéchets comme : "Les déchets non dangereux biodégradables de jardin ou de parc, les déchets alimentaires ou de cuisine provenant des ménages, des bureaux, des restaurants, du commerce de gros, des cantines, des traiteurs ou des magasins de vente au détail, ainsi que les déchets comparables provenant des usines de transformation de denrées alimentaires."

Une partie de ces déchets peut être évitée, grâce à la lutte contre le gaspillage alimentaire. Le reste de ces déchets peut et doit être valorisé spécifiquement, pour garantir une bonne qualité de traitement. De plus, c’est un gaspillage que de les éliminer par incinération ou encore mise en décharge alors qu’ils représentent une ressource importante en matière et en énergie ainsi qu’une éventuelle source de revenus.

Les biodéchets représentent encore un tiers du contenu de la poubelle résiduelle des Français, c’est-à-dire un tiers des déchets qui ne sont pas triés par les ménages ; c’est un gisement non négligeable qu’il faut maintenant détourner de l’élimination en vue d’une économie circulaire de la matière organique.

Cette initiative vise à revaloriser ces déchets, réduire l'impact environnemental, et favoriser une économie circulaire. Cette transition suscite des débats sur les enjeux économiques et écologiques qui en découlent.

I- LES ENJEUX ÉCONOMIQUES

Quatre-vingts kilos par an et par habitant, voilà ce que pèsent nos déchets alimentaires selon l’organisme qui coordonne la collecte et le tri des déchets d'emballages ménagers (CITEO). Quand on sait que la taxe des ordures ménagères, la TGAP appliquée à la tonne coûte de plus en plus chère, elle atteindra les 65 euros en 2025, l’intérêt économique de les sortir de nos poubelles noires est évident. Les collectivités locales ont l’obligation de proposer des solutions de tri et de valorisation de ces biodéchets. Elles peuvent par exemple installer des points de collecte, des services de porte-à-porte ou des composteurs collectifs.

A- ÉCONOMIE CIRCULAIRE :
La collecte séparée des déchets alimentaires s'inscrit dans une logique d'économie circulaire, encourageant la réutilisation des ressources. En transformant ces déchets en compost ou en énergie, une nouvelle filière économique émerge. Des entreprises peuvent se spécialiser dans la collecte, le traitement, et la commercialisation des produits issus de cette valorisation.

B- CRÉATION D’EMPLOIS :
La mise en place d'une infrastructure dédiée à la collecte séparée génère de nouvelles opportunités d'emploi. Des postes dans le tri, le recyclage, la production de compost ou en biogaz, et le développement de technologies liées à cette transition contribuent à la création d'une nouvelle force de travail.

C- RÉDUCTION DES COÛTS À LONGS TERME :
Bien que des investissements initiaux soient nécessaires pour mettre en place les infrastructures adéquates, la collecte séparée des déchets alimentaires peut engendrer des économies à long terme. La réduction des coûts liés au traitement des déchets classiques, ainsi que la valorisation des déchets alimentaires, peuvent équilibrer voire diminuer les dépenses liées à la gestion des déchets.

II- LES ENJEUX ÉCOLOGIQUES

Selon l'ADEME, un tiers des communes seulement sont aujourd'hui prêtes à pouvoir trier leurs biodéchets. Si l'on estime à 10 euros par an et par habitant la mise en place de la mesure, certaines communes manquent d'infrastructures. Ainsi, les coûts élevés de mise en œuvre des installations et le nombre insuffisant d'unités de compostage et de méthanisation freinent le développement de la filière. Les collectivités peuvent toutefois s'appuyer sur le Fonds vert mis en place par le Gouvernement pour bénéficier d'aides financières.
Dans un contexte de méfiance vis-à-vis des mesures écologiques, le gouvernement n'a toutefois prévu aucune sanction ni même fixer d'objectif. Il est donc à craindre que le tri de nos déchets organiques mette encore du temps à devenir un réflexe. Pourtant, il est d'intérêt pour la planète, d'une part de réduire le gaspillage alimentaire, mais aussi de trouver une meilleure destination à ces déchets que ce que nous faisons aujourd'hui. Principalement constitués d'eau, il est absurde de les brûler. Cela demande beaucoup d'énergie pour les incinérer, et dégage du méthane quand on les enfouit alors qu'il pourrait enrichir nos sols qui sont de plus en plus pauvres. Mais pour qu'ils soient bénéfiques à la terre, il faut auparavant en produire du compost. Quand ils sont correctement triés, ils sont acheminés la plupart du temps sur des plateformes de compostage qui fournissent les agriculteurs et maraichers, ce qui les aide à réduire d’autant le recours aux engrais chimiques.
Il est à noter que la mise en décharge des biodéchets est à l’origine d’émissions de gaz à effet de serre (GES) : le tassement des déchets provoque également la fermentation de déchets alimentaires dans un milieu sans oxygène, créant ainsi des conditions favorables à l’émission de méthane dans l’atmosphère. Ce gaz a de plus un pouvoir de réchauffement global 25 fois supérieur à celui du CO2. De même, l’incinération de ces déchets produit également des GES et notamment du CO2 lors de leur combustion.
À l’inverse, la valorisation organique via le compostage, l’épandage ou la méthanisation permet de faire retourner au sol ou de transformer des matières organiques brutes en une matière valorisable, le compost ou le digestat, adapté aux besoins agronomiques des sols. Dans le contexte actuel d’appauvrissement des sols en matières organiques, il existe un réel besoin d'amendements organiques naturels que les composts de biodéchets peuvent en partie combler. De même pour les digestats issus de méthanisation, la substitution des apports en engrais de synthèse par des engrais organiques comme ces digestats est également appréciable d’un point de vue environnemental. En effet, la fabrication de ces engrais de synthèse repose notamment sur des ressources minières non renouvelables et non disponibles en France (phosphore et potasse), et pèse considérablement sur le bilan énergétique global, la synthèse de l'azote, notamment, étant très énergivore.

A- RÉDUCTIONS DES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE
La décomposition anaérobie des déchets alimentaires dans les décharges produit du méthane, un gaz à effet de serre potentiellement plus nocif que le dioxyde de carbone. En collectant ces déchets séparément, on réduit la production de méthane, contribuant ainsi à la lutte contre le changement climatique.

B- PRÉSERVATION DES RESSOURCES NATURELLES :
La collecte séparée des déchets alimentaires favorise la préservation des ressources naturelles. Les déchets organiques valorisés en compost permettent d'améliorer la qualité des sols et de réduire la dépendance aux engrais chimiques, préservant ainsi la fertilité des terres agricoles.

C- SENSIBILISATION À LA GESTION DURABLE DES DÉCHETS :
Cette mesure encourage la sensibilisation du public à l'importance de la gestion durable des déchets. En impliquant les citoyens dans le tri sélectif des déchets alimentaires, on favorise une prise de conscience collective sur les conséquences environnementales de nos habitudes de consommation.

CONCLUSION :
La collecte séparée des déchets alimentaires représente une avancée significative vers une société plus durable sur les plans économique et écologique. Elle favorise la transition vers une économie circulaire, génère des emplois, réduit les émissions de gaz à effet de serre, préserve les ressources naturelles, et sensibilise la population à une gestion plus responsable de ses déchets. Bien que des défis puissent émerger, les bénéfices à long terme tant sur le plan économique qu’environnemental en font une mesure essentielle pour l'avenir.