
Le plan Chlordécone : un bilan mitigé
Par Benjamin GUERET
Posté le: 28/03/2012 15:36
Le plan Chlordécone : un bilan mitigé
Tout d’abord, qu’est ce que le chlordécone? C’est un produit antiparasitaire longtemps utilisé en Martinique et en Guadeloupe pour lutter contre le charançon des bananiers. Il a été détecté dans les sols et peut contaminer certaines denrées végétales, animales, ou des eaux de captage. Ce produit a été interdit en 1993 dans cette région, en 1990 en métropole, suite à la publication d’un rapport de Dominique Belpomme, professeur en cancérologie, qui parlait du chlordécone comme une « catastrophe sanitaire » pouvant entrainer entre autre des malformations génitales et des cancers de la prostate.
Devenu une préoccupation sanitaire en 2004 le chlordécane a fait l’objet d’un plan d’action entre 2008 et 2010 en Martinique et en Guadeloupe. Les objectifs de ce plan d’action étaient de :
_ renforcer la surveillance de la santé de la population et la connaissance des problèmes cliniques et environnementaux liés au chlordécone ;
_ continuer à réduire l’exposition de la population au chlordécone ;
_ proposer des mesures d’accompagnement en agriculture et améliorer la surveillance des sols et des produits des jardins familiaux. La communication sera développée pour que la population antillaise puisse accéder à toutes les informations utiles dans le domaine des pratiques agricoles ou de la consommation des aliments.
Quatre lignes directives s’imposaient alors :
_ Renforcer la connaissance des milieux
_ Diminuer l’exposition et mieux connaître les effets sur la santé
_ Assurer une alimentation saine et gérer les milieux contaminés
_ Améliorer la communication,
Le montant de ce plan s’élevait à plus de 33 millions d’euros sur trois ans.
Il est peu dire que les résultats n’ont pas été à la hauteur de l’investissement!
En effet bien que le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) est parlé dans son rapport du 6 mars dernier de « réelles avancées » il a bien consenti qu’il s’agissait d’un « bilan mitigé ». Il est vrai que l’ambition implicite de ce plan n’était pas de trouver une politique à moyen et long termes de réduction de l’exposition mais bien de « rassurer à court terme souligne le rapport ».
Parmi les points positifs de ce bilan, ce trouve avant toutes autres choses, l’analyse des eaux terrestres. Grâce à cette analyse, il a été possible de « prendre la mesure de l’étendue de la contamination ». On sait désormais que 80% de la faune des rivières dépassent les limites maximales de teneur en chlordécone. A ce titre, ce point va devenir un enjeu majeur du nouveau plan chlordécone.
De plus au niveau des recherches le bilan n’est pas complètement négatif. Un registre des cancers a été créé dans chacune des deux îles. Malheureusement les enjeux politiques et les rivalités entre ces deux îles ont empêché de regrouper ces deux registres.
Cependant des points sombres sont obligatoirement à relever. En premier lieu, le plan à été consacré à une seule molécule alors que la dieldrine notamment est encore imprégnée dans les sols antillais.
De même il est possible de regretter la forte insuffisance de suivi des travailleurs de la banane qui aurait permis de mieux connaître les types de contaminations.
En outre l’inventaire des sols contaminés n’a semble t’il pas assez évolué. Si la CGEDD estime qu’il y’a environ 40.000 échantillons à analyser, seul 2.000 sont analysés chaque année. A ce rythme là il faudra 20 ans pour avoir tout analyser!
Pour finir le programme n’a pas assez pris en compte le transfert de terre contaminée. Seule 509 foyers ont été considérés à risque, c'est-à-dire les foyers se trouvant sur les anciens sols bananiers. Le plan d’action n’a donc probablement pas considéré la contamination des eaux.
Il est peu dire que ce plan chlordécone n’a pas été d’une efficacité extrême.