LUTTE CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE : Quid de la géo-ingénierie ?
Par Kouet Timothe BAZEME
Posté le: 22/08/2023 19:46
La géo-ingénierie est une technologie développée par un certain nombre de climatologues, philanthropes et start-ups qui renvoie à la manipulation climatique à grande échelle en déviant le rayonnement solaire ou en capturant le dioxyde de carbone dans l’atmosphère. La géo-ingénierie procède par deux approches différentes : la démarche la plus simple est le boisement, qui consiste à planter de grandes quantités d’arbres et à tirer profit de leur pouvoir de photosynthèse pour absorber le CO2. Cependant, le boisement nécessite de vastes étendues de terre, ce qui le rend à la fois coûteux et peu pratique. La seconde approche à plusieurs variantes dont l’une renvoie au captage direct du CO2 dans l’air « the Direct Air Capture » (DAC), qui utilise des systèmes de filtration pour éliminer le CO2 dans l’air. Pour l’expérimentation de la seconde approche sus expliquée, une entreprise suisse, du nom de Climeworks, a conçu de petits réacteurs modulaires qui améliorent l’efficacité énergétique du procédé ; tout en permettant également la réutilisation de la chaleur résiduelle dans les processus industriels. Si la technologie DAC est encore coûteuse, elle est 400 fois plus efficace en termes d’espace que le boisement, selon Christoph Gebald, directeur de Climeworks. Rappelons que cette technique est connue depuis la Seconde Guerre mondiale. Cependant, le défi actuel, est de cette technologie « économique et de la développer à grande échelle » poursuit Christoph Gebald. Une autre variante préconise, l’injection d'aérosols stratosphériques dans l’air. Concrètement, des avions libèrent de minuscules particules qui réfléchissent la lumière. Autre possibilité, l'éclaircissement des nuages marins. Il s’agit d’augmenter la réflectivité des nuages bas à l'aide de particules d'aérosols relâchées par des bateaux. Mais une partie importante de la communauté scientifique critique ces solutions.
Plus de 450 experts ont envoyé une lettre pour exprimer leurs inquiétudes. Frank Biermann, professeur de géoscience à l'université d'Utrecht, est l'un des signataires.« On ne peut pas vraiment se débarrasser de toutes les incertitudes par des expériences en laboratoire. Mais les expériences à petite échelle ne peuvent pas non plus nous donner une image complète de la situation. Elles ne peuvent pas vous dire quels sont les risques qui pourraient se révéler seulement lorsque vous utilisez ces technologies à l'échelle planétaire pendant de nombreuses années », insiste-t-il. De plus, "les spécialistes des sciences sociales sont très préoccupés par les risques géopolitiques. Que se passera-t-il si certains pays font cavalier seul ?", interroge Frank Biermann. Aussi, existe-ildes divergences d’opinions au sein de la population, et il semble que les habitants des pays en développement, qui sont plus exposés aux effets du changement climatique, soient plus ouverts à la géo-ingénierie, selon Masahiro Sugiyama, professeur associé à l’Institut de recherche sur les alternatives politiques de l’université de Tokyo. Il a supervisé une enquête en ligne auprès d’étudiants universitaires dans six pays de la région Asie-Pacifique et a constaté une attitude plus positive parmi les étudiants originaires d’économies émergentes (Chine, Inde et Philippines) que parmi les étudiants issus de pays à revenus élevés (Australie, Japon et Corée du Sud).
Quoi qu’il en soit, la Commission européenne a lancé le débat international au plus haut niveau à propos de la géo-ingénierie pour décider si une régulation est nécessaire et si oui, laquelle ; en atteste les affirmations de Monsieur Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne en ces termes : « Nous constatons que la géo-ingénierie est discutée et explorée dans plusieurs parties du monde et qu'elle est considérée par certains comme une réponse potentielle future au changement climatique , Il s'agit d'une question qui comporte des indications globales et des risques considérables ; personne ne devrait faire des expériences, seul, sur notre planète commune ». La géo-ingénierie mérite-t-elle d’être expérimentée à l’échelle mondiale dans son intégralité ? Let's wait and see!