Les substances per- et polyfluoroalkylées, également connues sous le nom de PFAS, sont une large famille de plus de 4000 composés chimiques. Ils sont également appelés les « Forever Chemicals » ou « produits chimiques éternels » car ils contiennent des liaisons carbone-fluor très stables qui les rendent très peu dégradables. Antiadhésives, imperméabilisantes et résistantes aux fortes chaleurs, les PFAS sont largement utilisés depuis les années 1950 dans divers domaines industriels et produits de consommation courante : textiles, emballages alimentaires, mousses anti-incendie, revêtements antiadhésifs, cosmétiques, produits phytosanitaires, etc. Toutefois ces substances s’avèrent très nocifs pour la nature et les hommes. En effet, en plus de leur faible biodégradabilité, les PFAS pourraient causer une augmentation du taux de cholestérol, des cancers, des effets sur la fertilité, le développement du fœtus et même sur notre système immunitaire. Les potentiels effets toxiques des PFAS sont d’autant plus préoccupants qu’ils sont susceptibles de contaminer tous les milieux de vie de l’homme (eau, air, sol, aliments ect..) du fait de leur utilisation industrielle variée et du caractère mobile de certaines familles de PFAS.
Ainsi, en raison du danger qu’ils représentent, les PFAS font l’objet d’une réglementation de plus en plus importante. Au niveau international, la convention de Stockholm, accord international visant à encadrer certains polluants organiques persistants, réglemente plusieurs composés de la famille des PFAS (PFOS, PFOAS et PFHxS). Au niveau européen, le nerf de guerre du contrôle des PFAS se fait au travers du règlement REACH d‘une part. D’autre part, une stratégie pour la durabilité dans le domaine des produits chimiques a été publiée par la commission européenne en octobre 2020. De plus, elle est ponctuée de diverses initiatives, études et recommandations pour mieux connaitre et limiter les impacts des PFAS. Enfin, au niveau national, la France a mis en œuvre, ces dernières années, diverses politiques de surveillances des PFAS (dans les milieux aquatiques, l’eau de robinet, les denrées alimentaires et sur les sites industriels). Mais, la société civile devient de plus en plus interpellée et désireuse d’une réglementation plus sévère. Par exemple, la problématique a défrayé la chronique en en 2022 après la publication d’une enquête des journalistes de « Vert de rage » qui a révélé des niveaux de PFAS dans l’eau potable à Lyon, anormalement supérieurs aux seuils instaurés par la Directive Eau potable de 2020. Récemment, des PFAS ont également été retrouvés dans des œufs en région lyonnaise, à des concentrations supérieures aux limites réglementaires.
Ainsi le 17 janvier 2023, le ministère de la transition écologique a publié un plan d’action sur les PFAS pour aller plus loin que la simple surveillance. Le ministre Christophe Béchu introduit le document en ces termes : « Au regard des préoccupations grandissantes concernant l’impact des PFAS sur la santé humaine et celle des écosystèmes, une action ministérielle forte est nécessaire pour répondre aux aspirations des français ». Aucune nouvelle règle n’est imposée, mais le plan est axé autour de six 6 actions :
• disposer de normes pour guider l’action publique ;
• porter au niveau européen une interdiction large pour supprimer les risques liés à l’utilisation ou la mise sur le marché des PFAS ;
• améliorer la connaissance des rejets, ainsi que l’imprégnation des milieux pour réduire l’exposi tion des populations ;
• réduire les émissions des industriels de façon significative ;
• assurer une transparence complète sur les informations disponibles ;
• intégrer les actions sur les PFAS dans le plan micropolluants.

Il s’agit là au moins d’un renforcement du contrôle des PFAS en attendant qu’une réglementation plus rigide soit élaborée.