A compter du 1er janvier, la collecte et la valorisation des déchets alimentaires ou de cuisine des producteurs professionnels doivent s’étendre dans la perspective d’une généralisation début 2024.
La restauration, particulièrement concernée, n’est pas prête, estime son patronat. Les collectivités locales non plus.
« Cauchemar en cuisine » ... L’obligation à compter du 1er janvier prochain pour tout producteur de plus de 5 tonnes de déchets alimentaires ou de cuisine par an de les trier et de les faire valoriser dans une filière adaptée suscite l’embarras au sein du patronat de la restauration.
Alors que les professionnels devraient être massivement à pied d’œuvre afin de préparer cette échéance, que l’impératif de la souveraineté énergétique devrait mobiliser autour de la méthanisation voie royale pour valoriser les bio-déchets, le secteur file tout droit vers un rendez-vous manqué. « Nous sommes sur ce dossier depuis des années. Nous faisons tout pour informer, mobiliser les gens mais, la profession n’est pas prête », admet le président du groupement patronal de l’hôtellerie-restauration GNI, Didier Chenet « 60 % de la restauration est déjà en dehors des clous. Avec l’échéance du 1e r janvier, on sera à 80 % », estime, de son côté, Stephan Martinez. Un avis de poids : ce pionnier de la valorisation des biodéchets à Paris a remisé sa casquette de patron de bar, et a créé, fin 2013, une société spécialisée, Moulinot. Active sur l’Ile-de-France, Moulinot collecte les biodéchets de 1.900 établissements relevant de l’hôtellerie-restauration, de la restauration collective, ou de collectivités. Une illustration de la lente montée en puissance, depuis 2012, de la filière biodéchets. Après les « gros producteurs », l’obligation de tri et valorisation a été déclinée pour les professionnels (la grande distribution est également concernée) produisant plus de 10 tonnes par an. Les plus de 5 tonnes l’étant donc à compter du 1er janvier avec la loi de février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (loi Agec). Celle-ci prévoit même une généralisation sans seuil minimum à compter du 1er janvier 2024. « La restauration, qui a subi deux années de crise sanitaire, fait face à une multitude d’exigences relevant de la RSE. A un moment donné, les restaurateurs, et en particulier les indépendants, n’arrivent plus à suivre », commente le dirigeant fondateur du cabinet d’études et de conseil spécialisé Food Service Vision, François Blouin.