La crainte de risques juridiques pousse certaines banques américaines à envisager de quitter les alliances « net zero ».
Par Benjamin Rosay
Wintell & Co
Posté le: 25/09/2022 22:38
Le renforcement des critères permettant d’atteindre la neutralité carbone rend les engagements trop concrets et certaines banques américaines craignent ainsi de s’exposer à des poursuites judiciaires. En conséquence de quoi, elles envisagent de quitter l’alliance bancaire pour la neutralité carbone (Net zero banking alliance NZBA), l’organisation affiliée à la Glasgow Financial alliance for net zero de Mark Carney.
Les membres de cette organisation en y adhérent s’engagent en effet à viser la neutralité carbone de leurs activités. Or, les dirigeants de grands groupes bancaires comme la Bank of America par exemple, ou encore JP Morgan, craignent que le renforcement des critères de l’initiative « Race to zero » de l’ONU comme l’obligation d’éliminer le financement des énergies fossiles ne soit trop contraignant. Ils considèrent qu’une tierce partie crée ainsi des risques juridiques pour la banque et ses actionnaires.
En cas de non-respect de cette obligation, la sanction est l’exclusion des établissements partenaires.
D’après Laurent Babikian, global director capital markets du CDP, cette information constitue presque une bonne nouvelle : « C’est une très bonne manière de combattre le greenwashing ». Et il précise également que ces mêmes acteurs réalisent un lobbying contre les standards de reporting ESG des entreprises.
Le reporting ESG consiste en la présentation de données des entreprises sur les aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance. Ces critères sont les piliers d’une gestion responsable, aux côtés du suivi des indicateurs économiques et financiers, ces derniers étant insuffisants pour pouvoir évaluer correctement la pérennité et la résilience des entreprises. L’objectif du reporting ESG est donc d’assurer la transparence des entreprises sur ces aspects afin de pouvoir mieux évaluer la gestion de ces risques et donc la responsabilité des entreprises vis-à-vis de l’environnement et de ses parties prenantes que sont entre autres ses salariés, sous-traitants, clients, investisseurs…
Ces standards de reporting inquiètent ces banques. Actuellement, le SEC (Securities and exchange commission) travaille sur sa version de reporting ESG qui devraient imposer aux entreprises d’afficher leurs ambitions en matière climatique. Les établissements bancaires craignent donc d’engager leur responsabilité juridique sur les objectifs qu’ils se fixeraient.
Concrètement, si une banque prévoit d’atteindre la neutralité carbone mais ne prend pas les mesures adéquate pour atteindre cet objectif, alors elle pourra être poursuivie en justice par les parties prenantes.
Laurent Babikian précise à cet effet que les banques qui décident d’abandonner leurs engagements en matière de neutralité carbone prennent le risque de « ne plus pouvoir prêter d’argent dans un monde où les entreprises ne peuvent plus rien produire ».