Une enquête conduite au début de l’année 2020 par le Pew Research Center montre que les citoyens européens, considèrent que les changements climatiques représentent la plus grande menace pour leur pays (70 %) devant les risques de pandémie (69%). Également, le Forum économique mondial (World Economic Forum - WEC) relève, dans son Rapport de risques mondiaux (Global Risks Report) publié à la veille du sommet de Davos, que les chefs d’entreprises placent désormais, dans les cinq premières entrées de la liste des risques les plus susceptibles de survenir à l’horizon 2030, des risques liés au climat et à l’environnement.

La France s’est fixée un objectif de réduction de 40 % de ses émissions d’ici 2030 afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050. L’Europe, avec son Green Deal, a décidé d’accentuer la trajectoire en ciblant une réduction de près de 55% des émissions d’ici 2030 et d’intensifier ses politiques de lutte contre le réchauffement climatique. La transition vers une économie bas-carbone est donc indispensable mais il faut cependant prendre garde à ce que le rythme des mesures proposées soit soutenable pour tous, et en particulier pour les entreprises qui sont des acteurs majeurs de la transition énergétique.

En effet, la transition climatique génère toutefois son lot d’incertitudes et d’inquiétudes pour les entreprises qui se trouvent au centre de toutes les attentions : celles des consommateurs en quête de produits plus verts, celles des investisseurs sensibles au risque de déclassement de leurs actifs mais aussi à la recherche de placements écoresponsables, celles des salariés désireux d’adhérer à une « raison d’être » de leur entreprise qui intégrerait des objectifs climatiques. Parallèlement, de nombreuses propositions sont récemment apparues dans le débat public pour verdir l’économie et contribuer à une société plus sobre en énergie.Il est d’ailleurs à noter que si 80 % des dirigeants de PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire) françaises disent avoir conscience de l’urgence climatique, peu intègrent cette donnée dans leur stratégie et seuls 13% déclarent pouvoir réduire leurs émissions de carbone de manière importante dans les 5 prochaines années.

Les entreprises appréhendent le développement durable comme une composante essentielle de leur création de valeur et sont prêtes à aller plus loin ; des initiatives ont déjà vu le jour, regroupant des entrepreneurs engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique et désireux de créer une dynamique permettant d'entraîner, avec eux, des acteurs économiques toujours plus nombreux. Le défi climatique doit être relevé par l’ensemble des entreprises ; il faut, pour cela, qu’elles aient les moyens de s’y atteler de façon pragmatique et innovante.

L’ambition climatique est pour ainsi dire, un gageur de qualité mais aussi une obligation pour toutes entreprises souhaitant s’insérer et s’installer de façon pérenne à la fois sur la scène nationale et internationale. S’il est vrai que cette ambition est portée par la pluralité des entreprises, la question de la faisabilité des démarches reste néanmoins pendante : le contexte actuel mondial et plus spécifiquement encore, l’état de l’économie française, ne permet pas d’engager ces ambitions sereinement.

Pour que l’ambition climatique portée par les entreprises puisse prospérer, l’impulsion des pouvoirs publics semble essentielle. Elle permettrait d’accompagner et de sensibiliser les entreprises afin d’arriver à une prise de conscience sur les impacts du changement climatique et les impacts de leur activité sur le changement climatique, en orientant les financements vers les différentes étapes de la transition énergétique des entreprises. Par ailleurs, des dispositifs ont déjà vu le jour, notamment pour les TPE et PME.

Pour encourager les entreprises à participer à un tel changement systémique sans qu’elles n’aient à craindre pour leur compétitivité ni pour leur croissance, il est nécessaire d’envisager la transparence : qu’elle soit la transparence des politiques d’aide et d’accompagnements pour les entreprises dans la transition ou la transparence des entreprises elles-mêmes vis à vis de l’utilisation faite de ces aides, notamment comme le souligne un rapport parlementaire en relevant que le manque de transparence était un frein au “verdissement de la finance”.