La construction et la mise en œuvre d’une politique maritime impose une approche transverse et une cohérence entre les différents niveaux concernés. Les politiques maritimes se doivent de répondre aux défis environnemental et énergétique. Elles sont un terrain privilégié pour initier la transition écologique. Aujourd’hui, de nombreux ports se sont d’ores et déjà engagés dans des stratégies de développement durable. Les ports de demain doivent être plus économes en foncier et s’intégrer selon la notion de « port urbain » de façon optimum dans les villes et être encore plus respectueux de l’environnement. Chaque port élabore ainsi sa propre recette, en fonction de ses particularités et de ses ambitions en tenant compte de trois piliers que sont l’écologie, l’économie et l’ouverture des ports vers les citoyens.
En effet, les nouvelles stratégies énergétiques portuaires ambitionnent de s’ancrer dans une nouvelle dynamique environnementale mais aussi sur la plan industrielle et territoriale.

Avec le réchauffement climatique et les prévisions d’augmentation du niveau des océans d’ici à 2100 qui pourrait selon les dernières données scientifiques être de l’ordre de 1,1 à 2 mètres, 14 % des principaux ports maritimes du monde présentent un risque de submersion marine et d’érosion. Les ports français n’échappent pas à ce risque ce qui les obligent à adapter leurs infrastructures grâce à de nouveaux modèles en cohérence avec les perspectives.
Aujourd’hui, le commerce international de marchandises représente près de 80 % du transport maritime. Ce dernier est responsable de plus de 3 % des émissions mondiales de CO2. Si rien n’est entrepris ce chiffre ne fera qu’augmenter. Afin de réduire l’empreinte carbone du transport maritime de 50 % d’ici 2050 il faudrait au moins 1.000 milliards de dollars d’investissements. De plus, le trafic maritime devrait poursuivre sa croissance de 30 à 40 % durant cette même période.

D’autre part, compte tenu des nouvelles normes environnementales, la dépendance aux hydrocarbures est une source de vulnérabilité économique. L’âge d’or du pétrole ne fait plus partie des solutions d’avenir compte tenu de la raréfaction de cette ressource, de son coût et de la prise de conscience des enjeux écologiques, en conséquence de quoi les transferts énergétiques devraient diminuer. La contrainte carbone représente donc un véritable défi technologique et territorial pour l’ensemble du secteur maritime.

Afin d’arriver à la neutralité en CO2, les ports ont mis en place une démarche de reconversion industrielle qui repose sur trois leviers, l’efficacité énergétique, la production d’énergies renouvelables et l’écologie industrielle. Le développement de nouveaux carburants et l’augmentation de l’utilisation de systèmes de propulsion alternatifs sont indispensables pour « verdir le transport maritime ».

La transition énergétique nécessite également une démocratisation de l’électricité, du solaire, des bioénergies permettant de passer d’un port mono-énergie à un port pluri-énergies qui soit également producteur d’énergie. L’éolien va continuer de se développer et marquer le paysage marin français ainsi que les zones portuaires, tel est déjà le cas avec le parc français d’éolienne à Saint-Nazaire. Ces parcs éoliens en mer sont pour les ports une opportunité de produire de l’hydrogène propre par électrolyse de l’eau de mer, permettant d’accélérer la transition industrialo-énergétique.
Dorénavant, les ports redeviennent des espaces ouverts sur le reste de la ville, permettant ainsi de favoriser le déploiement de l’économie circulaire et de l’écologie industrielle.

Ainsi, la transition écologique représente l’opportunité de réinterpréter le rôle des ports comme étant des « acteurs laboratoire » permettant de tester des pratiques nouvelles favorisant une économie plus durable et résiliente.