L’European Wind Energy Association (EWEA) a publié les statistiques européennes pour l’éolien offshore au premier semestre 2011, montrant une augmentation des installations de 4,5% par rapport à la même période en 2010.
Durant cette période, 101 nouvelles turbines, pour une capacité totale de 348 MW, ont été connectées aux réseaux d’électricité au Royaume-Uni, en Allemagne et en Norvège.
En Europe, 11 fermes offshore, d’une valeur totale de 8,5 milliards d’euros et avec une capacité de 2 800 MW sont en construction. La puissance moyenne des turbines installées est aujourd’hui de 3,4 MW, contre 2,9 MW seulement au premier semestre 2010.
AU 30 juin 2011, il y avait 1 247 éoliennes offshore connectées aux réseaux d’électricité pour une capacité totale de 3 294 MW répartis dans 49 centrales réparties sur neuf pays européens.
Afin de comprendre ce qui fait le succès de la filière offshore chez nos voisins européens, nous avons choisi de développer plus précisément trois cas emblématiques : le Danemark en tant que pionnier de l’éolien offshore (I), le Royaume-Uni en tant que leader du marché (II) et l’Allemagne en raison de la jeunesse de sa filière offshore (III).

I/ Le Danemark

Au Danemark, la mer est peu profonde, il est donc relativement simple d’installer des éoliennes offshore, et ces dernières ont un bon rendement. Cependant, le pays ne dispose pas d'une façade maritime comparable à celles du Royaume-Uni, de la France ou de l'Espagne.
Le Danemark a décidé d’adopter l’approche dite du « guichet unique » afin d’optimiser les procédures administratives. Ainsi, une seule institution est responsable dans la procédure des autorisations : la Dansk Energi Styrelsen (DES).
Dans le cadre d’un appel d’offres, soit le permis pour faire une étude préliminaire est délivré au candidat victorieux, soit cette étude est réalisée par une société tierce avant publication de l’appel d’offres.
En cas de projet « open-door », la DES, conformément à la procédure de guichet unique, initie un échange de vues avec d’autres institutions gouvernementales. Ensuite, la DES décide si l’endroit peut être exploité en tant que parc éolien offshore. Dans le cas où une décision positive est adoptée, la DES délivre le permis d’examen préliminaire.
Cette procédure de guichet unique est aujourd’hui préconisée par le Syndicat des Energies Renouvelable (SER) pour les projets français.

II/ Le Royaume-Uni

Le Royaume-Uni bénéficie d'une large façade maritime particulièrement exposée aux vents d'ouest et est devenu le leader mondial, avec une capacité installée de 1 568 MW au premier semestre 2011. L’objectif national étant d’atteindre 15,4 % d’électricité d’origine renouvelable avant 2015.
Le Royaume-Uni organise lui aussi des appels d’offres pour l’éolien en mer. En 2008, Le Crown Estate a lancé un premier appel d’offres regroupant 18 projets de démonstration totalisant 1 000 MW. Le deuxième, lancé en 2003, devrait aboutir à une capacité totale de 7 000 MW répartis sur 15 sites. Le troisième, très ambitieux, totalise 25 000 MW et a connu un franc succès : 96 développeurs et consortiums ont manifesté leur intérêt pour au moins l’un des neuf lots proposés. Ce système d’appels d’offres étant similaire à celui de la France, nous ne le développerons pas plus avant.
La particularité du Royaume-Uni réside dans son système de soutien aux producteurs d’électricité renouvelable, créé en 2002 et étendu à l’Ecosse en 2002 et à l’Irlande du Nord en 2005. Ce système, baptisé Renewable Obligations (obligations renouvelables), crée un flux financier des fournisseurs vers les producteurs d’électricité renouvelables. Ainsi, pour chaque MWh d’électricité renouvelable produit, le producteur reçoit un Renewable Obligation Certificate (ROC). Chaque entreprise vendant de l’électricité (producteur ou fournisseur) est légalement tenue de s’assurer qu’un pourcentage de l’électricité commercialisée est d’origine renouvelable. Ce pourcentage est actuellement de 11,1% et devrait atteindre 20% en 2020.
Un producteur d’électricité renouvelable produisant bien plus d’énergie verte qu’il n’est obligé d’en commercialiser, il peut vendre ses ROC aux autres entreprises commercialisant de l’électricité qui n’ont pas réussi à remplir leur quota. Les ROC sont dotés d’une valeur indexée sur un marché artificiel créé par le gouvernement britannique.
Initialement le nombre de ROC était le même pour toutes les énergies renouvelables mais, en raison des coûts de développement, l’éolien maritime bénéficie actuellement d’un soutien financier deux fois plus élevé que son homologue terrestre (environ 90 100 £/MWh).
Un tel système en France permettrait de financer l’électricité renouvelable par une participation de tous les acteurs de la production et de la distribution d’électricité, y compris dans la filière nucléaire. La contrepartie d’un tel système serait inévitablement une hausse du prix de vente de l’électricité et les sondages montrent que les français n’y sont pas favorables, même lorsque l’argument écologique est avancé.

III/ L’Allemagne
En Allemagne, en une dizaine d’années, une filière industrielle éolienne offshore s’est construite, reposant sur les compétences présentes autour de Bremerhaven, notamment dans le domaine de la construction navale. Cette filière recense déjà aujourd’hui plus de 3 000 emplois dans la fabrication de composants et l’assemblage d’éoliennes, les activités portuaires et de logistique.
Un tarif garanti pour l’éolien offshore a été fixé pour la première fois par la loi EEG en 2000. Depuis lors, il a été réévalué et affiné à deux reprises. La situation tarifaire actuelle est la suivante :
- Rémunération de base : 3,5 c€/kWh ;
- Rémunération initiale : 13 c€/kWh pour les 12 premières années à partir de la mise en service de la centrale ;
- Bonus pour les projets démarrant d’ici le 1er janvier 2016 : 2 c€/kWh ;
- Prolongation de la rémunération initiale (bonus compris) : Pour les centrales situées à une distance de 12 milles nautiques au minimum et à une profondeur de 20 mètres au minimum, la période de rémunération initiale est prolongée de 0,5 mois par milles nautique excédant les 12 milles nautiques et de 1,7 mois par mètre de profondeur ;
- Dégression : 5% à partir de 2015 ;
- Pas de rémunération garantie dans les zones de protection de la nature et des paysages.
Outre la réévaluation du tarif garanti, le soutien du gouvernement fédéral au développement de l’éolien offshore a pris deux formes originales, la création d’une fondation offshore et la mise en place d’un site pilote.
Compte tenu des risques technologiques et financiers liés au développement de l’éolien offshore et de la particularité des sites offshore allemands (fort éloignement des côtes et profondeur importante), le gouvernement fédéral a décidé de favoriser la mise en place d’un site pilote (« Testfeld ») sur lequel la technologie offshore pourrait être testée avant de passer à l’étape de la commercialisation (différentes turbines, différentes fondations).
Pour ce faire, une fondation offshore (« Stiftung Offshore Windenergie ») a été créée en 2005 à l’initiative du Ministère fédéral de l’Environnement. Dans un premier temps, cette fondation a racheté avec des fonds publics les droits d’exploitation du site « Windpark Borkum West » à la société PROKON Nord. En juin 2006 a ensuite été créé un consortium responsable de la mise en place du site pilote, la société DOTI. En décembre 2006, DOTI a conclu un contrat de bail avec la fondation offshore lui permettant de mettre en place le site pilote Alpha Ventus à Borkum West. La fondation offshore demeure propriétaire du site. Elle a en outre un rôle d’animation et coordination des différents acteurs concernés et d’information du public. Des représentants de l’ensemble des parties prenantes siègent au sein de son curatorium (administrations fédérales et des Länder, organismes financiers, entreprises, etc.).
L’exemple allemand montre qu’en très peu de temps, il est possible de lancer une filière éolienne offshore et de ne pas se faire distancer, comme dans les autres énergies renouvelables, par nos voisins européens.