Depuis 2011 et les « Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme » de l'ONU, le concept de diligence raisonnable a influencé l'évolution de la réflexion sur la RSE au niveau international, tant à l'OCDE (5 guides sur le sujet - 4 guides sectoriels et un guide général) qu'à l'OIT, au G7 et au G20 sur les conditions de travail et les chaînes d'approvisionnement, ainsi que dans les résolutions du Conseil de l'Europe, dans le nouveau règlement européen sur les minerais de conflit.

Cette préoccupation internationale reflète les conceptions de la RSE dans les législations nationales.
La loi Sapin II et la loi relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d'ordre renforcent ainsi considérablement ces obligations. Ces deux textes ont certains points communs, comme le fait qu'ils imposent tous deux la nécessité de signaler, d'expliquer et de démontrer que les mesures prises par les entreprises ont été prises pour assurer la protection de l'environnement et des salariés. Les entreprises sont ainsi obligées d'établir des documents spécifiques tels qu'une cartographie des risques et de mettre en place des mesures organisationnelles spécifiques, notamment un système d'alerte. Ces deux lois partagent également une méthode commune, qui correspond à une approche basée sur la prévention de la survenance des risques et une meilleure compréhension de leurs conséquences. Cette approche pose néanmoins la question de la difficulté d'évaluation du niveau de risque, dont les critères ne sont pas définis dans les textes.

La loi du 27 mars 2017 relative au devoir de vigilance dans les chaînes d'approvisionnement mondiales présente plus particulièrement certaines spécificités en matière de responsabilité environnementale des entreprises. Comme son nom l'indique, elle impose aux sociétés mères des grandes entreprises transnationales un devoir de vigilance dans plusieurs domaines tels que l'environnement et les droits de l'homme. Cette législation est particulièrement intéressante à deux égards. Tout d'abord, elle est originale dans son articulation, où l'on retrouve une combinaison de soft law et de hard law. Le droit français s'impose en effet comme un droit dur mais utilise de nombreux principes développés par le droit international, notamment en ce qui concerne l'approche fondée sur le risque, propre aux principes directeurs des Nations Unies. Il donne une certaine impulsion à des principes issus de la soft law, qui est propre au droit international. Ce dispositif particulier s'inscrit dans une tendance à la co-régulation qui permettrait à la soft law de compléter la hard law en permettant à cette dernière de s'approprier certains principes et de leur donner un aspect contraignant.