La 15ème COP biodiversité, équivalent pour la nature de la conférence des parties pour le climat, se tiendra sous format digital du 11 au 15 octobre 2021. La ville chinoise de Kunming accueillera la conférence mondiale après deux reports successifs dus à la crise sanitaire. L’objectif de cette première session d’octobre est d’établir un état des lieux : en avril 2022 se tiendra une deuxième session, lors de laquelle débuteront réellement les négociations entre Etats. L’ambition est de parvenir à un accord mondial ayant le retentissement de l’Accord de Paris en matière de climat.
En effet, jusqu’à présent les accords internationaux en matière de biodiversité ne sont pas parvenus à influencer la perte accélérée de biodiversité. Le Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020, application de la Convention sur la biodiversité biologique, déployé en 20 objectifs connus sous le nom d’Objectifs d’Aichi, n’a montré qu’un résultat décevant. Aucun des objectifs n’a été pleinement atteint.
La situation atteint même des seuils alarmants. Le dernier rapport de l’IPBES, équivalent du GIEC sur la biodiversité, indique un « taux d’extinction des espèces sans précédent et qui accélère ». Le poids de l’activité humaine est confirmé, avec, par ordre décroissant de responsabilité, les changements d’usage des terres et de la mer, l’exploitation directe de certains organismes, le changement climatique, la pollution et l’introduction d’espèces exotiques envahissantes.
Ainsi, un cinquième des espèces est d’ores et déjà menacé d’extinction, l’agriculture utilise déjà 75% des ressources en eau douce, un tiers des stocks de poissons marins sont exploités à des niveaux non soutenables… Outre la préservation de la nature « pour elle-même », l’enjeu est de préserver les écosystèmes parce que leur dégradation nuit déjà au bien-être des humains, sur tous les continents.
Le président de l’IPBES, Sir Robert Watson, affirme qu’avec la trajectoire actuelle, « Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier ». La situation s’est fortement dégradée en 10 ans.
En regard de ces constats, quelles sont les ambitions de la COP15 ?
Il est difficile, en matière de biodiversité, de fixer des objectifs chiffrés et incarnés tels que la neutralité carbone 2050 : les enjeux sont multiples et les indicateurs synthétiques manquent. Les bases de négociations dévoilées à ce jour fixent des objectifs à 2050, à déployer aux échelles globale, nationale et régionale. Elles prévoient notamment un doublement des surfaces terrestres et marines protégées (soit 30% !).
Il s’agit également d’établir une gouvernance mondiale sur le sujet : si les Etats établissent déjà des stratégies et plans d’action nationaux, ceux-ci ne sont pas suivis au niveau global, avec des indicateurs harmonisés et évaluations régulières.
Enfin, la question du financement devra également être l’objet des négociations, comme elle l’a été pour les Accords de Paris lors de la COP15 sur le climat. Le sujet est d’autant plus crucial que nombre des enjeux de biodiversité, tels que la déforestation, touchent directement les pays émergents mais sont dus pour une grande part à la consommation d’autres pays.
En parallèle de cette question, le WWF vient de publier un rapport dans lequel il souligne un paradoxe : à ce jour, les fonds dédiés à la préservation de la biodiversité sont estimés à environ 120 milliards de dollars, mais dans le même temps 500 milliards de dollars sont consacrés au soutien d’activités agricoles, de pêche et de mode de consommation délétères pour la biodiversité. Les négociations seront certainement délicates...