Plus de 110 pays se sont engagés à atteindre la neutralité carbone - qui implique un équilibre entre les émissions de carbone et l'absorption du carbone de l'atmosphère par les puits de carbone - d’ici 2050, objectif consacré à l’échelle de l’Union Européenne par un Pacte vert pour l’Europe.

Cet objectif représente une première étape pour espérer limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degrés d’ici 2100, objectif prôné par les Accords de Paris de 2015.
Seulement, si les Etats sont les garants de la démarche, la décarbonation des entreprises représente - entre-autres - la pierre angulaire du projet.

Un rapport du groupe d’experts intergouvernementaux sur l’évolution du climat (GIEC) de 2014 baptisé « scénario RCP » a tiré la sonnette d’alarme sur la nécessité pour les entreprises de mettre en oeuvre une politique eco-responsable.
En effet, un seul scénario dit « RCP 2,6 » permet de contenir le réchauffement climatique à un seuil inférieur à 2 degrés d’ici 2100. Ce dernier suppose les efforts combinés d’une multitude d’acteurs : des États aux entreprises, en passant par la société civile et le secteur de la finance.

C’est ainsi que les entreprises, se sont engagées dès 2015 dans une démarche de réduction des gaz à effet de serre. A l’échelle internationale, les 500 entreprises les plus émettrices se sont fixées des cibles de réduction de leurs émissions de carbone.
Toutefois, seulement 11 % des 500 entreprises citées ont un objectif de long terme considéré comme cohérent en vue de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C.

A l’échelle nationale des progrès notables sont également à souligner. C’est ainsi qu’en décembre dernier à l'occasion d’un sommet à l’Elysée, les 40 entreprises du CAC 40, se sont engagées à adopter une nouvelle norme pour comptabiliser leurs émissions de CO2.

Au-delà d'une réelle nécessité pour préserver le futur, il s’agit également d’un outil marketing de choix pour ces entreprises puisque 43% des français considèrent que les entreprises font partie des acteurs majeurs du développement durable - selon un sondage de l’Institut d’études opinion et marketing en France et à l’international (IFOP) du 9 décembre 2020.

Cette amélioration reste néanmoins à mettre en perspective. Un rapport de mars 2021, commandité par Mazars (entreprise internationale de conseil) à l’IFOP et réalisé auprès de 400 dirigeants de sociétés françaises, a établi que seulement 52% des dirigeants considèrent la neutralité carbone comme une priorité et que seules 25 % d’entre elles se sont réellement engagées ou ont prévu de s’engager dans un projet de neutralité carbone. Elles ne sont que 16 % à avoir formalisé une feuille route précise. 

Pour Edwige Rey, associée et, responsable RSE & développement durable chez Mazars, ce chiffre de 16% n’est pas étonnant. En effet, l’étude citée a ciblé peu d’entreprises de plus de 500 salarié, lesquellesétant - les seules à avoir l’obligation de publier un bilan carbone tous les 4 ans depuis la loi Grenelle -.

Au-delà de cette dimension purement environnementale, la question des compétences et de l’information -entre en jeu. En effet, le même sondage indique que « 67 % des dirigeants confient ne pas connaître suffisamment les outils et les méthodologies qui permettraient de définir, de mesurer et donc d’atteindre une stratégie de neutralité carbone pour leur entreprise ».

Enfin, la dimension économique est un facteur forcement déterminant « 48 % de ces mêmes dirigeants mentionnent la nécessité de mettre en n place d’une fiscalité plus incitative »

Le rôle de l’Etat dans l’accompagnement de ces entreprises est donc fondamental :

- Par le biais d’instruments contraignants d’un côté, comme par exemple la mise en place d’un reporting « développement durable » pour toutes les entreprises quelle que soit leur taille et qui permettrait de les responsabiliser
- Par le biais d’instruments incitatifs d’un autre côté comme le renforcement des mesures d’eco-fiscalité, d’achats responsable, de barrières douanières, de refus de l’accès au marché de certains produits ou bien encore de mécanismes du marché tels que la bourse du carbone, le plafonnement des systèmes d’échanges des droits d’émissions.

Tous ces instruments, s’ils sont déjà en place, ne sont pas forcément connus par l’ensemble des entreprises et du grand public et une vaste campagne d’information de la part des acteurs publics mériterait d’ être mise en place.

Un savant équilibre pour ne pas favoriser la mise en oeuvre d’outils favorisant le greenwashing (méthode de marketing trompeuse consistant à communiquer auprès du public en utilisant l'argument écologique) reste à trouver.

Pour les entreprises à capitaux publics, - l’Etat veille au grain.
En effet, l’Etat actionnaire, par le biais du ministère de l’Economie et des Finances, la défini une charte en matière de responsabilité sociale et environnementale des entreprises qu’il entend faire respecter impérativement.

La charte indique que : « La réduction des émissions de gaz à effet de serre, afin de limiter le réchauffement climatique à 2° maximum d’ici la fin du siècle, n’est pas un objectif de performance financière comme un autre ; c’est un engagement indispensable à tenir car il est vital pour nous tous »

Trois grands axes sont ainsi ciblés pour la mise en place de plans d’actions :
L’intégration pleine et entière de la RSE dans la raison d’être des Entreprises publiques
La transition vers une économie bas carbone et la réduction de l’impact des -activités des -entreprises publiques sur l’environnement
L’exemplarité en tant qu’employeur responsable que ce soit dans les domaines de la mixité, la diversité et non-discrimination.

L’Etat actionnaire, via son Agence des Participations de l’Etat, entend mener un suivi rigoureux basé sur des indicateurs et des trajectoires de progrès mesurables.

La prise de conscience des entreprises, qu’elles soient publiques ou privées est aujourd’hui réelle mais trop lente comme le démontrent les statistiques de l’IFOP - elle est pourtant nécessaire comme l’a très justement souligné Louis Schweitzer, ancien Président du groupe Renault, dès 2005 : « Le développement durable n'est ni une utopie ni même une contestation, mais la condition de survie de l'économie de marché ».