En Allemagne, seules 20% des entreprises respectent leurs engagements en matière de respect des normes environnementales et sociales sur la chaîne d'approvisionnement.
Le ministre allemand du développement, Gerd Müller, a récemment présenté à Berlin, les résultats d'une enquête sur le respect des normes sociales et environnementales internationales par les entreprises allemandes.
Selon cette enquête, 98 multinationales allemandes, sur les 455 ayant répondu, respectent leurs engagements, et « c'est déjà une surprise », fait valoir Gerd Müller.
Hubertus Heil, ministre du travail allemand avait conclu que «l'Allemagne ne peut continuer à traiter la question du respect des normes sociales sur une base volontaire ».

Gerd Müller a annoncé qu'un cadre général devrait être présenté en août et un projet de loi sur les chaînes d'approvisionnement sera présenté à la rentrée parlementaire.
L’objectif de ce projet de loi est d’assurer une gestion des risques « proportionnée et raisonnable » par les entreprises et mettre en place des sanctions avec des amendes ou l'exclusion de marchés publiques à la clef. La loi anticiperait des initiatives européennes annoncées par Bruxelles pour 2021.
Le ministre de l'économie allemand, Peter Altmaier, reste réticent à l'idée d'imposer de nouvelles contraintes à des entreprises déjà en difficulté après le coronavirus.
« L'économie allemande axée sur l'exportation traverse sa plus grave crise depuis la seconde guerre mondiale en raison de nouvelles restrictions commerciales, des fermetures aux frontières et de la limitation des déplacements », soulignent les principales fédérations d'entreprises allemandes dans une lettre commune fustigeant des contraintes nationales qui réduiraient leur compétitivité.

Selon le ministre du travail, Hubertus Heil les entreprises allemandes sont parfaitement capables de certifier la qualité de leur produit du point de vue de la sécurité, « ce n'est pas plus compliqué » quand il s'agit de respecter les droits de l'homme. En outre, il réplique que le Covid-19 n'est pas une excuse : « L'Allemagne a la responsabilité de ne pas imposer aux plus faibles de la chaîne le poids de la crise ».
Au total, quelque 7.300 entreprises allemandes de plus de 500 employés se fournissant à l'étranger seraient concernées. « Le nombre de fournisseurs peut dépasser 100.000 entreprises dans un premier temps pour les grandes entreprises », écrivent les fédérations patronales. Elles se disent néanmoins « constructives » en plaidant pour que le projet de loi se limite à une obligation de « diligence raisonnable ».

Une quarantaine d'entreprises allemandes, dont HapagLloyd, Tchibo ou Nestlé-Allemagne se sont déjà prononcées pour des normes contraignantes. Kik vient d'annoncer en juin une « feuille de route » pour améliorer les conditions de travail chez ses fournisseurs. Le distributeur de textile bon marché avait été tenu responsable de l'incendie qui avait tué, au Pakistan, en 2012, plus de 250 personnes dans les locaux d'un sous-traitant.