1- Constellation Program, Kezako?

Le programme Constellation est un programme d'exploration spatiale de la NASA, dont le principal objectif est l'envoi d'astronautes sur la Lune vers 2020 pour des missions de longue durée.
Le 14 janvier 2004, le président Bush, Jr, présenta au Congrès ainsi qu'à la NASA sa "Vision pour l'Exploration Spatiale" dans laquelle il exprimait son désir de voir le retour de l'homme sur la Lune avant 2020 et de préparer ensuite une mission vers Mars et au-delà.
Dès sa présentation aux médias, Constellation reçoit un accueil mitigé. Alors que certains s’enthousiasment à l’idée d’une nouvelle ère d’exploration au-delà de l’orbite basse terrestre, d’autres trouvent peu d’intérêt à un Apollo-bis jugé peu innovant.
Les objectifs assignés à ce projet étaient très ambitieux : le remplacement de la flotte des navettes spatiales de la NASA (alors vieilles de près de trois décennies) en les remplaçant par une série de capsules et de modules spécialisés, puis en 2020, la construction d’avant-postes sur la Lune en vue d’expéditions vers Mars.
Dans son rapport détaillé, la NASA décrivit les cinq principaux objectifs de son nouveau programme Constellation :
- Terminer la station ISS ;
- Développer un programme durable de missions humaines et robotisées ;
- Etendre la présence de l'homme à travers le système solaire ;
- Développer les innovations technologiques ;
- Promouvoir la participation internationale et commerciale ;
Pour répondre à ces objectifs, la NASA reprend en grande partie le scénario du programme Apollo : un véhicule spatial (Orion) est chargé de transporter l'équipage jusqu'en orbite lunaire (et de l'en ramener) tandis qu'un deuxième véhicule, Altair, est destiné à l'atterrissage sur la Lune et au retour vers Orion. Toutefois, là où le programme Apollo utilisait le lanceur Saturn V pour envoyer les deux véhicules vers la Lune, le programme Constellation prévoit deux lanceurs dont l'un (Ares I) est destiné au lancement de la capsule habitée tandis que l'autre (Ares V) place en orbite terrestre le module lunaire et le dernier étage du lanceur chargé d'accélérer l'ensemble vers la Lune. En effet :
• La masse des véhicules spatiaux à envoyer vers la Lune s'est considérablement accrue pour répondre aux objectifs plus ambitieux du programme Constellation. L'envoi par un lanceur unique nécessiterait de développer un lanceur nettement plus puissant que le lanceur Saturn V.
• La technique des rendez-vous en orbite est parfaitement maîtrisée par la NASA, ce qui permet d'envisager un assemblage en orbite des véhicules à destination de la Lune, scénario qui avait été écarté parce que considéré comme trop risqué à l'époque du programme Apollo.
• Orion doit être utilisé pour des missions non lunaires en particulier la desserte de la station spatiale internationale, ce qui nécessite de disposer d'un lanceur de classe intermédiaire.

Une deuxième caractéristique du programme est le recours généralisé à des composants existants afin de limiter le coût du programme. La NASA utilise, en les adaptant, des moteurs-fusées développés pour le lanceur Saturn V, les propulseurs à poudre de la navette ainsi que de nombreuses installations au sol existantes. Enfin, il est prévu que plusieurs des composants du programme puissent être réutilisés après remise en condition.

2- Annulation du programme Constellation

Ainsi que le rappelle la NASA, l'exploration du système solaire et au-delà est guidée par d'importantes questions scientifiques et de société. Outre les prouesses humaines, scientifiques et technologiques, cet ambitieux programme visait avant tout à rechercher nos origines cosmiques, découvrir si la vie existe ailleurs que sur Terre et comment pourrions-nous vivre sur d'autres mondes, notamment sur la Lune et sur Mars. Ce programme devait également veiller à ce que les choix adoptés soient durables, financièrement abordables et flexibles.
Le programme Constellation souffrait cependant de difficultés techniques, mais aussi de ressources insuffisantes.
Pour atteindre les objectifs fixés dans les plus brefs délais, en 2004 le Congrès avait accepté une hausse de 6% du budget de la NASA pour l'année fiscale 2005, le portant à 16.2 milliards de dollars dont plus de la moitié (8.4 Md$) était consacré aux missions d'explorations et au transport spatial, le restant étant consacré aux recherches et développements.
Ce budget fut accepté à condition que la NASA termine les projets en cours, à savoir la reprise des vols des navettes spatiales et l'achèvement de la station ISS.
En mai 2009, le programme Constellation fut approuvé par le président Barack Obama mais il émit quelques réserves sur le délai de réalisation et demanda un réexamen indépendant du programme à la Commission Augustine, constituée d'un panel de dix experts.
Le président Obama proposa notamment des alternatives "garantissant que le programme national de vols spatiaux reste sûr, innovant et abordable dans les années qui suivront le retrait du service des navettes". Il proposa à la NASA une enveloppe de 18.7 milliards de dollars, soit une rallonge de 5% comparée à l'année précédente.
Entre-temps, dans son rapport de septembre 2009, les auditeurs du GAO, l'équivalent de la Cour des Comptes, soulignèrent que les coûts du projet Constellation avaient augmenté et estimaient que la date d'échéance fixée à 2020 ne serait pas respectée puisque même la NASA ne pouvait pas estimer le coût final du projet sans analyse conceptuelle et technique, encore moins estimer la date de lancement de la première mission habitée.
Au total, depuis le lancement du projet Constellation, la NASA avait déjà englouti 49 milliards de dollars dans la fusée Arès et le vaisseau Orion sur les 97 milliards de dollars alloués. Ce glissement des dépenses ne présageait rien de bon.
Cet avis des experts financiers du Président signifiait tout simplement l'arrêt du financement du projet. Bien sûr le président Obama n'était pas obligé de le suivre, mais dans ce cas, il en assurait la responsabilité.
Six mois après sa demande d'enquête, en novembre 2009 le président Obama prit connaissance du rapport Augustine de 156 pages. La Commission concluait notamment que le système de fusée Arès ne serait pas opérationnel pour des missions habitées avant 2017, tandis que le retour sur la Lune n'était pas envisageable avant les années 2025 environ, en tenant compte des circonstances les plus favorables.
Face à l'éventualité d'un échec et d'un revers politique, pour respecter ses engagements vis-à-vis de ses électeurs, le 1 février 2010, le président Obama annonça l'annulation du programme Constellation, sans pour autant abandonner tous les projets.
En effet, si le président pris la bonne décision au bon moment, il ne pouvait tout abandonner sachant que l'annulation des contacts avec Boeing, Lockheed Martin, Alliant Techsystems et d'autres entreprises coûterait à la NASA 2.5 milliards de dollars supplémentaires.
L’abandon du programme Constellation n’a cependant pas sonné le glas des rêves de Mars.

3- Le programme Artemis:

Le programme “Artemis”, successeur de “Constellation” est un programme spatial habité de la NASA, l'agence spatiale américaine, dont l'objectif est d'amener un équipage sur le sol lunaire d'ici 2024. À l'instigation du président américain Donald Trump, la date du retour de l'homme sur la Lune, que la NASA avait fixée à 2028 sans programmation clairement défini, a été avancée de quatre ans en avril 2019 avec des objectifs qui ont été précisés donnant naissance au programme Artemis. Celui-ci doit déboucher sur une exploration durable de notre satellite c'est à dire l'organisation de missions régulières dont l’aboutissement serait l'installation d'un poste permanent sur la Lune. Le programme doit également permettre de tester et mettre au point les équipements et procédures qui seront mises en œuvre au cours des futures missions avec équipage à la surface de la planète Mars. La réalisation des missions du programme Artemis nécessite le développement de plusieurs engins spatiaux : le lanceur lourd Space Launch System (SLS) et le vaisseau spatial Orion dont la réalisation a déjà débuté depuis plusieurs années mais est marquée par des dérapages budgétaires et calendaires réguliers, un vaisseau lunaire entièrement nouveau HLS chargé d'amener les hommes sur le sol lunaire et des missions robotiques chargées de réaliser des reconnaissance et des études scientifiques complémentaires.


Outre son délai très serré, le projet rencontre un problème budgétaire similaire à celui qui avait été fatal en 2009 au programme Constellation qui poursuivait les mêmes objectifs. Artemis réussira-t-il là où Constellation a échoué ? Le futur nous le dira.