Selon le rapport de l’institut australien de stratégie politique, « Uyghurs for sale », au moins 80 000 prisonniers Ouïgours ont été transférés par les autorités chinoises entre 2017 et 2019 depuis le territoire Xinjiang vers 27 usines produisant pour des multinationales, depuis des camps d’enfermement. Dans ces usines, les ouïgours sont privés de leur liberté, contraints à du travail forcé, empêchés de pratiquer leur religion et astreints à des cours de rééducation idéologique.
83 entreprises mondialement connues identifiées dans le rapport profiteraient de manière directe ou indirecte de ce travail forcé. Parmi elles Abercrombie & Fitch, Adidas, Amazon, Apple, Gap, H&M, Lacoste, Nike, Puma, Samsung, Uniqlo, Victoria’s Secret ou encore Zara. Des multinationales, aux moyens financiers considérables, cultivant une image responsable et engagées auprès des consommateurs.

Suite à ces interrogations, certaines de ces sociétés ont revendiquées avoir rappelé à leur fournisseurs leurs engagements en faveur de la dignité des travailleurs alors que d’autres avait répondu ne pas avoir ces usines comme fournisseurs directs.
Cet argument avait déjà été soulevé lors de l’effondrement du Rana Plaza en 2013. Malgré les différentes législations ayant succédées ce drame, certaines sociétés transnationales n’ont toujours pas mis en œuvre de mécanismes permettant d’aboutir à une visibilité totale de leur chaine de sous traitance, une identification des potentielles atteintes grave aux droits fondamentaux et des mesures pour les prévenir.
Le Collectif Éthique sur l’étiquette avait soulevé que l’absence de relation directe ne saurait être un argument. En effet depuis 2011, la communauté internationale s’est dotée d’un texte reconnaissant aux multinationales un devoir de vigilance sur l’ensemble de leur relation d’affaire. Il se traduit par l’obligation d’identifier, de prévenir et de remédier aux violations des droits fondamentaux perpétrées le long de leur chaîne de valeur.
Il rappelle que la loi française sur le devoir de vigilance, adoptée en mars 2017 malgré la vive opposition des fédérations patronales et des grandes entreprises, a été conçue comme une traduction nationale de cet engagement international, devant l’inefficacité des mesures volontaires.

L’absence d’identification du risque en Chine de recours au travail forcé et d’atteintes aux droits de la minorité ouïgour ainsi que l’absence de plan pour endiguer ces pratiques démontre que les obligations qui leurs incombent ne sont pas suffisamment coercitives.
Face à ces révélations, force est de constater qu’en 2020, les multinationales parmi les plus puissantes du monde ne respectent toujours pas leurs engagements en matière de respect des droits humains et de l'environnement.