Le lundi 29 juin 2020 scelle la fin de la centrale nucléaire de Fessenheim. Après le débranchement du 1er réacteur le 22 février 2020, le second réacteur a été arrêté lundi 29 juin 2020 à 23h. La plus ancienne centrale de France était en activité depuis 1977.

Le décret n°2020-129 en date du 18 février 2020 portant abrogation de l’autorisation d’exploiter la centrale nucléaire de Fessenheim est désormais en vigueur pour les deux réacteurs.


Comment expliquer la fermeture de la centrale ?

L’énergie nucléaire émet très peu de CO2, 60 fois moins que le charbon. Elle permet également à la France d’être indépendante sur le plan énergétique.

Toutefois, les catastrophes nucléaires connues par le passé de Tchernobyl et Fukushima ainsi que la problématique du stockage des déchets nucléaires soulèvent l’importance de rééquilibrer le mix énergétique.

La fermeture de la centrale s'inscrit dans les objectifs du gouvernement de réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique. Cette diminution implique la fermeture de 14 réacteurs dont les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim avant 2030.

La loi de transition énergétique pour la croissance verte en date du 17 août 2015 et le Plan Climat, présentée en juillet 2017 par le gouvernement et plus particulièrement par le ministre de la transition énergétique de l'époque Nicolas Hulot, présentait l'objectif suivant : ramener à 50% la part du nucléaire d'ici 2025 contre 75% à l'heure actuelle.

Cet objectif, jugé finalement irréaliste en 2018 par Nicolas Hulot, a été ramené à 2035 selon les déclarations du nouveau ministre de la Transition écologique François de Rugy.


Quelles sont les conséquences de cette fermeture ?

Certains acteurs comme les salariés de la centrale ou encore le maire de la commune de Fessenheim ne comprennent pas cette décision dans la mesure où selon eux, la centrale nucléaire était toujours opérationnelle. D’ailleurs, en 2018, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) faisait de nouveau valoir l’exemplarité des installations de Fessenheim en matière de sûreté.

Certains soulignent également que la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim serait susceptible de remettre en cause l’indépendance énergétique de la France du fait de la perte d’environ 1800 megawatts de puissance électrique. Ainsi, la France pourrait importer de l’électricité issue de pays voisins comme l’Allemagne. Or, ce dernier possède une part importante de charbon dans son mix énergétique qui est une énergie fossile émettant 60 fois plus de CO2 que l’énergie nucléaire. La fermeture de la centrale serait donc susceptible de contribuer à une augmentation des émissions de CO2 en France.


Cette fermeture de la centrale entraîne en outre une longue période de démantèlement.

Qu'est-ce que le démantèlement d'une installation nucléaire ?

Selon l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), il regroupe "les opérations visant à évacuer les matières et déchets radioactifs, à retirer les matériels présents, à assainir et à démonter les bâtiments d'une installation nucléaire en fin de vie ou à l'arrêt définitif. L’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) énonce quant à elle que le démantèlement nucléaire « doit s’appliquer à tout site nucléaire arrivé en fin de vie afin de ne créer aucun risque inacceptable auprès des populations et de l’environnement, et permettre la réutilisation du site pour d’autres usages. »

Le démantèlement d'une installation nucléaire est un processus qui dure plusieurs dizaines d'années. En France, aucune centrale nucléaire n'a, à ce jour, été officiellement démantelée.

Le démantèlement doit être préparé en amont. L’exploitant de la centrale dispose d’un délai de deux ans à compter de a déclaration d’arrêt définitif pour transmettre un dossier de démantèlement à l’ASN.

L’ASN va ensuite saisir l’IRSN afin « d’évaluer les dispositions de sûreté proposées par l’exploitant ». Puis, elle informe l’exploitant de « ses conclusions en lui faisant part, le cas échéant, des demandes à prendre en compte ».

Le démantèlement de la centrale nucléaire est ensuite prescrit par un décret qui fixe les principales étapes, la date de fin prévue et l’état final à atteindre. Le décret prévoit également le devenir des substances radioactives ou toxiques et les modalités pour éviter leur dispersion dans la nature.

Vient ensuite l’étape de l’évacuation des substances dangereuses et radioactives constituant l’étape de préparation du démantèlement.

Les équipements sont alors démontés où les réacteurs seront, à Fessenheim, démontés en dernier. Cette étape s’étale sur 10 à 15 ans.

Enfin, l’assainissement, sur une période d’environ 5 ans, représente la dernière étape du démantèlement. Le stockage « réversible en couche géologique profonde d’argile » des déchets à vie longue, très critiqué par les antinucléaires, est la solution retenue par la loi n°2006-739 du 28 juin 2006 de programme relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs.


Le démantèlement de la centrale nucléaire de Fessenheim débutera en 2025 et devrait s'étaler sur plusieurs décennies, jusqu'en 2040.

En ce qui concerne l'après-Fessenheim, l'installation d'un technocentre, destiné à devenir un site-pilote de décontamination des métaux faiblement radioactifs ou encore une usine de biocombustible sont en discussion. Cependant, les élus locaux s’inquiètent car à ce jour, aucun projet concret de reconversion du site industriel n’a été présenté.