Après avoir encouragé son développement, l'exécutif semble faire machine arrière afin de répondre aux inquiétudes des élus locaux. Le gouvernement souhaite rendre la réglementation plus sévère en particulier sur les conditions d'autorisation des parcs, souvent décriées par les riverains.

Depuis le début de l'année 2020, le gouvernement multiplie les déclarations en faveur d'un renforcement des conditions d'attribution des parcs éoliens au grand regret du Syndicat des énergies renouvelables (SER) et de France Energie Eolienne (FEE).

Le président de la République Emmanuel Macron énonçait mi-janvier que "la capacité à développer massivement l'éolien est réduite" et ajoutait que "de plus en plus de gens ne veulent plus voir d'éolien près de chez eux, considèrent que le paysage est dégradé".

Quelques jours suivants ces déclarations, la ministre de la Transition écologique et solidaire expliquait que "le développement de l'éolien est très mal réparti en France" souhaitant ainsi un "développement harmonieux". Ce discours marquait un changement net de position en comparaison avec les positionnements de ses prédécesseurs Nicolas Hulot et François de Rugy. Ces derniers ayant largement contribué au développement de l'éolien en limitant les recours juridiques possibles contre l'installation de nouveaux parcs.

Ces déclarations du gouvernement viennent toutefois en contradiction avec la politique énergétique du pays qui mise pourtant sur un développement massif de l'éolien où le gouvernement souhaite faire passer la part de l'éolien dans la production d'électricité de 7% aujourd'hui à 20% en 2028, l'éolien en mer représentant un quart de cet objectif.

Le chef de l'Etat prend davantage en compte les revendications des anti-éoliens souhaitant réduire l'impact visuel et la dégradation des paysages qu'engendrent de telles installations.

En réaction à ces déclarations, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) et France énergie éolienne (FEE) ont publié le 27 février un communiqué de presse conjoint pour réaffirmer "l'impérieuse nécessité de développer l'éolien, en accord avec les territoires, pour respecter les objectifs de la France en matière de transition énergétique". A ce titre, la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), la feuille de route de la France pour les dix prochaines années, prévoit de doubler la puissance installée des éoliennes terrestres dans le pays. Le SER rappelle le volume important de la réglementation actuelle de l'éolien mais aussi la réalisation d'études d'impact visuel ou encore d'études de protection du patrimoine.

Le gouvernement entend néanmoins bien durcir la réglementation. Pour cela, plusieurs mesures sont envisagées dont un système de bonus-malus, pour favoriser l'installation dans certains territoires. Une circulaire à destination des préfets est également en préparation afin de les inciter à prendre en compte "l'insertion paysagère".

L'enjeu est donc de taille pour le gouvernement : limiter l'impact visuel et la dégradation des paysages que causent les éoliennes tout en atteignant les objectifs fixés par la politique énergétique du pays.