Dans un scénario d'émissions élevées, le littoral pourrait reculer en moyenne dans le monde de 35 à 240 mètres d'ici 2100. Une réduction des émissions de CO2 permettrait d'éviter près de la moitié du recul du trait de côte.

Les plages de sables représentent plus d'un tiers des littoraux de la planète. Près de la moitié des plages du monde, le plus souvent situées dans des zones densément peuplées, pourraient presque entièrement disparaître sous l'effet de l'érosion liée aux activités humaines et aggravée par le dérèglement climatique, alerte une étude scientifique publiée lundi 2 mars dans la revue britannique "Nature Climate Change". Si ce scénario se produit, ce sont près de 132 000 kilomètres de côte qui seront effacés.

L'équipe de chercheurs européens, menée par Michalis Vousdoukas, du Centre commun de recherche de la Commission européenne, a analysé l'évolution du littoral sableux dans tous les pays du monde, entre 1984 et 2015, à l'aide d'images satellites. Les auteurs ont ensuite extrapolé les tendances historiques pour prévoir la dynamique future des côtes selon deux scénarios de réchauffement climatique.


Ces changements de trait de côte sont d'abord liés à des facteurs physiques, géologiques et anthropiques : les tempêtes, les aménagements côtiers comme les digues, les barrages ou les ports, l'urbanisme ou les prélèvements de sable aggravent localement un épuisement naturel des stocks sédimentaires hérités de la dernière période glaciaire. S'y ajoute le retrait du littoral dû à l'élévation du niveau de la mer. D'ici à la fin du siècle, la montée des océans pourrait attendre entre 0,59 mètre et 1,10 mètre par rapport à la période 1986-2005 selon le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).

Les pays menacés par la disparition de leurs plages sont nombreux. L'Australie est en première ligne où selon des chercheurs, environ 12 000 kilomètres de plages seraient menacés par l'érosion. En France, le département de Mayotte est le plus menacé puisqu'il pourrait perdre jusqu'à 60% de son littoral.

Cependant, certains scientifiques appellent à l'optimisme. En effet, le phénomène sera limité si les Etats diminuent leurs émissions de gaz à effet de serre et si l'accord de Paris sur le climat de 2015 à l'issue de la 21ème conférence des parties (COP21) est respecté. Pour rappel, cet accord impose aux Etats l'ayant ratifié, de diminuer de manière significative leurs émissions de gaz à effet de serre. L'objectif étant de maintenir une augmentation de la température du globe en dessous de 2 degrés. Si les Etats parviennent à maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2 degrés, l'érosion serait réduite de 40%.

En France, au mois d'août 2019, une note rendu par la fabrique écologique alertait que près d'1,4 millions de français, des dizaines de milliers de bâtiments et des centaines de communes étaient menacés par le recul du littoral français. Or, en 2040, les côtes françaises devraient accueillir 40% de la population.

Face à ce constat, la ministre de la transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, a déclaré, à l'issue du quatrième Conseil de défense écologique tenu le 12 février 2020, que, d'ici 30 ans, les nouvelles constructions sur les zones à risques devraient être interdites et les logements existants relocalisés. A l'avenir, seules les constructions pérennes ou démontables pourraient se voir délivrer un permis de construire.