Les premières apparitions massives de gaz lacrymogène remontent à la guerre de 1914-1918. Les Français ont tiré les premiers et inaugurent ainsi les produits chimiques toxiques utilisés pendant la Première Guerre mondiale.

D’abord, le gaz lacrymogène est un produit chimique qui provoque une irritation des yeux et du système respiratoire entraînant une invalidité temporaire. Composé principalement de propane, il est considéré comme une arme chimique par la Convention des Nations unies de 1993 portant sur l'utilisation des armes chimiques en période de guerre mais, paradoxalement, son utilisation est "autorisée par la Convention sur les armes chimiques à des fins internes". Il est donc interdit pendant les conflits armés, mais pas pendant les opérations de maintien de l'ordre.

En France , il est largement utilisé par les forces de l'ordre pour dissiper les foules. D’ailleurs, plusieurs lois précisent leur utilisation . Tout d'abord, l'article L-211-9 du code de la sécurité intérieure reprend l'article 431-3 du code pénal et précise que «les représentants des forces de l'ordre appelés à dissiper une foule peuvent faire recours à la force et les utilisent en cas de violence ou d'agression à leur encontre ou s'ils ne peuvent pas autrement défendre les terres qu'ils occupent ». Le préfet de police a affirmé en 2018 lors d'une manifestation que 5000 grenades lacrymogènes avait été utilisé par les forces de l'ordre

Néanmoins, son utilisation est non seulement nocive pour les manifestants mais aussi pour les policiers qui les lancent. Le paradoxe est que, contrairement à tout autre produit chimique, l'État ne dit rien de sa composition encore de sa dangerosité et pourtant sa transparence est nécessaire et fait aujourd'hui l’objet de débats même au sein des forces de police.

 Si nous interrogeons la police sur les dosages qui auraient pu augmenter ces dernières années, les réponses sont disparates. Ils subissent eux même parfois un préjudice du fait de la toxicité du produit « On le prend parfois dans les yeux, dans le visage, et on le ressent clairement. " avance un policier .

Malgré sa dangerosité sur la santé des personnes , peu d'études sont consacrées à ce sujet. À l'hôpital d'entraînement des forces armées du Val-de-Grâce, Frank Ceppa, qui a écrit sur la toxicologie des armes, admet ceci: "Je n'ai pas d'étude épidémiologique. Je donne une conférence pour les militaires confrontés à ce type d'arme, je mentionne les risques accrus dans un environnement confiné, tels que les réactions de stress respiratoire aigu, en cas de concentration élevée, selon le nombre de munitions par mètre carré, mais je n'ai pas de chiffres ou de littérature précise sur les symptômes”.

D’après Alexandre Langlois, du syndicat Vigi, la police est plus exposée au danger que les manifestants, pourtant elle ne dispose d'aucune surveillance pulmonaire, dermatologique ou ophtalmique. Il ajoute que « Ce gaz est mortel pour les personnes souffrant d'asthme ou d'autres problèmes bronchiques ».

Johan Cavallero, délégué de l'Alliance nationale pour CRS, a déclaré que "le code du CHSCT [comité de santé et de sécurité] ne s'applique pas à l'élément d'application de la loi de la fonction publique".


Aujourd'hui, la question de l'utilisation excessive de gaz lacrymogène par la police lors des manifestations soulève un débat. Elle menace la santé des personnes et mérite d'être interdite.
Il provoque non seulement des nausées, des vomissements, des douleurs thoraciques, des allergies, mais aussi des brûlures au deuxième degré ou des saignements internes.

  Selon une étude de l'Université de Yale, les gaz lacrymogènes n'ont pas seulement des effets irritants: c'est principalement un gaz neurotoxique. Le contact avec ce gaz provoque non seulement une douleur immédiate, mais une exposition prolongée aux gaz lacrymogènes peut provoquer de graves problèmes respiratoires et même des crises cardiaques, comme le rapporte le Journal de l'American Medical Association.

  Ces effets sont encore plus dangereux chez les enfants et chez les femmes enceintes où il peut provoquer des fausses couches . Elle est aussi mortel pour les personnes souffrant d'asthme ou d'autres problèmes bronchiques.

Les gaz lacrymogènes peuvent non seulement étouffer les adultes - comme le prouve l'AFP - mais peuvent également provoquer la mort: deux cas enregistrés en Palestine le démontrent.

En outre, le médecin Sven-Eric Jordt indique que personne ne connaît les effets à long terme de l'exposition aux gaz lacrymogènes, mais souligne que, dans l'immédiat, il provoque des blessures importantes et ce alors que son utilisation par la police semble se normaliser. En France, la police l'utilise clairement de manière irresponsable: elle gaze à grande échelle sous le silence absolu des autorités.

Compte tenu des faits et de la dangerosité de ce gaz, on se demande s'il n'y a pas d'autre moyen de disperser les manifestants que d'utiliser simplement du gaz lacrymogène?

Face aux dangers inhérents aux gaz lacrymogènes, le groupe parlementaire Die Linke a présenté en 2011 - suite à la répression massive du mouvement social et environnemental contre le projet Stuttgart 21 - un projet de loi visant à interdire largement les gaz lacrymogènes. Leur proposition prévoit une interdiction de son utilisation sauf en cas de danger pour la vie d'un policier ou d'autres personnes.

Pourquoi alors la France, garante de la sécurité et de la santé de ses citoyens, n'est-elle pas en mesure d'interdire l'utilisation des gaz lacrymogènes et de recourir à l'utilisation de canons à eau ou les "camions antiémeutes" jugés plus efficaces et plus pratiques?
Il est non seulement efficace pour disperser une foule ( ex: Chine ) sans réellement causer de victimes, mais aussi pour contrôler rapidement le début d'un incendie.