Un séisme de magnitude 5,4 a eu lieu le 11 novembre 2019 près de Montélimar dans la Drôme impliquant quatre blessés, mais également une secousse ressentie de Lyon à Montpellier. Il s’agit du plus fort séisme observé depuis 16 ans.
Certains dégâts ont été observés sur les bâtiments les plus proches et les plus vulnérables de l’épicentre, cependant, la crainte principale concernait les centrales nucléaires EDF du site de Cruas-Meysse et de Tricastin, respectivement à 15 kilomètres et 30 kilomètres de Montélimar.
Aucun dégât n’est, toutefois, à déplorer sur les deux CNPE (centre nucléaire de production d’électricité) et ces derniers fonctionnant normalement selon le préfet de la Drome qui précise également que le seuil sismique vibratoire a déclenché une alarme sur un seul des capteurs présents sur le site de Cruas. La secrétaire d'État à la Transition écologique Brune Poirson a assuré ce mardi qu'il n'y avait pas d'inquiétude pour les centrales nucléaires situées non loin de la zone touchée lundi par un séisme dans la vallée du Rhône car les procédures de contrôle ont été «mises en œuvre parfaitement».

Afin de garantir une sécurité maximale, l’ASN (autorité de sureté du nucléaire), ayant également confirmé qu’il n’y avait aucun dommage apparent sur ces sites, a demandé à EDF d’arrêter trois réacteurs nucléaires du CNPE de Cruas pour un « audit approfondi des installations » qui permettra les contrôles nécessaires.
EDF indique que l’ensemble des systèmes de sûreté sont actuellement passés au peigne fin par les équipes qui restent mobilisées sur place.
En effet, bien qu’aucun dommage ne soit véritablement apparent, des vibrations ont été enregistrées nécessitant des contrôles complémentaires et préventifs. Un calcul de l’impact exact du tremblement de terre va être mis en œuvre par EDF. L’exploitant va vérifier si les valeurs enregistrées dépassent ou non les seuils à partir desquels un examen plus poussé des installations, nécessitant l’arrêt des réacteurs, est nécessaire.
Il a décidé de suspendre momentanément la production de trois réacteurs de la centrale de Cruas-Meysse.
Le redémarrage est prévu indicativement pour le 15 novembre 2019, bien qu’il revienne à l’ASN d’examiner les conditions dans lesquelles les réacteurs pourront redémarrer.

Les centrales nucléaires sont soumises aux règles fondamentales de sûreté (RFS), établies par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avec l’appui technique de l’IRSN (institut de radioprotection et de sûreté nucléaire).
Il est étudié le passé sismiques des zones sur lesquelles sont implantées les centrales nucléaires. Des calculs sont effectués afin d’évaluer le plus haut risque sismique possible grâce aux séismes ayant eu lieu précédemment et en essayant de prévoir ceux qui pourront avoir lieu. Grace à ces calculs, il est établi un relevé des « séismes maximaux historiquement vraisemblables" (selon deux paramètres de magnitude et de profondeur) auxquels la centrale doit pouvoir résister. Autrement dit, on définit une valeur pour le tremblement de terre possiblement le plus important de la zone, en prenant l'hypothèse pessimiste que son épicentre serait situé juste sous ou à proximité immédiate de la centrale à bâtir.
Une marge de sécurité de 0,5 sur la magnitude du risque sismique maximal. Il s’agit des séismes majorés de sécurité.

Dans le cas de la centrale de Cruas-Meysse en Ardèche, le séisme le plus important historiquement pris comme référence dans la zone sismique de référence s'est produit en 1873 à Châteauneuf-du-Rhône, et a atteint la magnitude de 4,7, rappelle le Point.fr. En lui appliquant le coefficient de majoration de 0,5, on parvient à une magnitude de 5,2, pour la sismicité maximale (en cas de séisme survenant sous la centrale) alors que la magnitude enregistrée le 11 novembre fut de 5,4. Mais la centrale de Cruas, dont les réacteurs ont été mis à l'arrêt est située à 20 km de l'épicentre. En outre, le directeur des centrales nucléaires à l'ASN, Rémy Catteau, a observé à ce sujet qu'il fallait prendre en considération l'accélération du sol ressentie sur place, et pas la magnitude mesurée au niveau de l'épicentre.

Afin de faire face aux multiples risques, des réévaluations de l’aléa sismique des sites nucléaires sont souvent entrepris entrainant parfois des modification des installations et des équipement en fonction des nouveaux paramètres.
En effet, après l’accident du centre de Fukushima Dai-ichi au Japon en 2011, EDF a dû renforcer les mesures de sécurité de son parc nucléaire en cas de séisme majeur impliquant des travaux de renforcement. Une portion de la digue du canal de Donzère-Mondragon protégeant la centrale nucléaire du Tricastin a dû être renforcée afin qu’elle résiste au séisme extrême défini après l’accident de Fukushima.