La Côte d’Ivoire s’est véritablement lancée dans la répression contre les sachets plastiques depuis 2013 par le décret 2013-327 du 22 mai 2013 portant interdiction de la production, de la commercialisation, de la détention et de l’utilisation des sachets plastiques.

Le gouvernement ivoirien a justifié l’interdiction des sachets plastiques en évoquant des raisons de santé et de salubrité publique. Mais ce n’est qu’en novembre 2014 que le décret est entré réellement en application, après plusieurs reports à la demande des industriels.

Selon le décret, toutes les entreprises industrielles ivoiriennes sont priées de ne plus produire, ni commercialiser et importer des sachets ou matières composées de plusieurs molécules chimiques, dangereuses dont le polyéthylène, dérivés du pétrole, la cire, le stéarate de calcium, les silanes, les titanates, les solvants, les theranoplastiques, les thermodurcissables, les élastomères. Quelles sont les raisons d’une telle décision prises par le gouvernement ivoirien ?

Chaque année, entre 500 et 1000 milliards de sachets plastiques sont utilisés dans le monde, selon une enquête de Greenberry.
Véritables ‘’parasites’’ ils jonchent les sols, les plages, le long des rivières et même dans les arbres. Si la pollution visuelle est la première conséquence, elle est moindre eu égard au réel impact de ces déchets.
En effet, la production du plastique est très énergivore et gourmande en eau : distillation, cracking, polymérisation, ajout de plastifiants, ajout d’additifs et façonnage. Le processus de production nécessite l’usage de ressources naturelles non renouvelables : pétrole, gaz naturel ou charbon avec tous les risques et impact sur l’environnement et la santé des populations. Tout ça pour fabriquer un simple sac plastique utilisé à peine 20 minutes en moyenne avant de finir à la poubelle.

Au regard de ce qui précède, l’interdiction aurait pu être une solution en Côte d’Ivoire. Malheureusement, les sachets plastiques pullulent toujours dans certains commerces ivoiriens.

Ce décret n’a pas été suivi de mesures pour garantir sa bonne application. Il n’y a pas eu de mesures d’accompagnement véritables. Ni l’autorité responsable de la salubrité, ni le ministère en charge de l’environnement ne semble accorder d’importance à la problématique. Bien au contraire, les fabricants, usagers, commerçants des sachets plastiques vont crescendo sans être inquiétés.
Aucune campagne réelle n’a été faite pour sensibiliser les populations sur l’intérêt d’une telle mesure ou même la promotion d’une alternative réelle. Elles ont été pour la plupart déroutées par son adoption, se demandant comment changer instantanément ce qui fait partie du quotidien.

L’alternative des sachets biodégradables a été proposée. Mais leur production coûte bien plus cher que les sachets ordinaires. C'est donc sans surprise que l'on observe un manque de coopération surtout de la part des producteurs. Mieux aurait fallu créer un cadre de concertation préalable entre eux et le gouvernement. Ce qui a manqué.

Quoiqu’il en soit, eu égard au caractère nocif des sachets plastiques pour santé et la sécurité, il faut l'application du décret dans toute sa rigueur. La protection de l’environnement n’a pas de prix.