Le Commissariat français à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) est en train d'abandonner le projet de prototype de réacteur nucléaire à neutrons rapides Astrid en raison de son coût trop élevé et d'absence de soutien politique, rapporte le quotidien Le Monde vendredi.
L'objectif de cette nouvelle génération de réacteurs, refroidis au sodium, est d'utiliser l'uranium appauvri et le plutonium comme combustibles, autrement dit de réutiliser les matières radioactives issues du parc français actuel et en grande partie stockées sur le site de La Hague (Manche) exploité par Orano (ex-Areva).

Alors que le prototype Astrid devait être construit sur le site de Marcoule (Gard), une source interne au CEA citée par Le Monde indique que la cellule de vingt-cinq personnes qui coordonnait le programme a été fermée au printemps et que l'organisme de recherche "n'y consacre plus de moyens ni d'énergie".

Un coût élevé, estimé entre 5 et 10 milliards d'euros
Le CEA a de son côté déclaré dans un communiqué qu'il poursuivait ses travaux dans le cadre de la convention de programme d'étude qui s'achève fin 2019.
"Cependant, la construction du réacteur prototype, n'est pas programmée à court ou moyen terme. Dans le contexte énergétique actuel, la perspective d'un développement industriel des réacteurs de 4e génération n'est en effet plus envisagée avant la 2e moitié de ce siècle", a-t-il ajouté.
L'organisme de recherche a aussi rappelé que, conformément à ses engagements auprès des pouvoirs publics, il proposerait d'ici à la fin de l'année au gouvernement un programme de recherche révisé sur la 4e génération de réacteurs nucléaires pour 2020 et au-delà, qui permettra notamment de "maintenir les compétences développées sur les réacteurs rapides au sodium".

Le Monde explique l'abandon en cours du projet Astrid par son coût élevé - estimé entre 5 et 10 milliards d'euros -, dans un contexte de prix de l'uranium relativement bas et de ressources abondantes, et par "une absence d'appui politique".
Selon des chiffres de la Cour des comptes cités par le quotidien, près de 738 millions d'euros ont été investis dans le projet à fin 2017, dont près de 500 millions proviennent du grand emprunt du Programme d'investissements d'avenir.