Que dit cette loi ?

Dans l’exposé des motifs, le législateur explique que la loi propose «la normalisation et la standardisation de la production et de l’importation des sachets plastiques, pour ne permettre la mise sur le marché que des sachets de qualité supérieure, résistants et réutilisables ».
La loi dispose en outre que « sont interdites, sur toute l’étendue du territoire national, la production, l’importation, l’utilisation, la détention en vue de la mise en vente et la vente ou la distribution à titre gratuit de sachets plastiques d’une épaisseur inférieure à 30 microns ».
Elle ajoute par ailleurs que les sachets plastiques d’une épaisseur supérieure ou égale à 30 microns, quel que soit l’usage auquel ils sont destinés, ne peuvent être distribués ou proposés gratuitement.
La loi ne vise donc pas tous les sachets plastiques. Les produits visés sont les sachets très légers, et qui pour l’essentiel, sont importés.
La loi prévoit, par ailleurs, des amendes et des peines d’emprisonnement pour les infractions ou fabrication de sachets plastiques visés par elle.
Des amendes sont ainsi prévues pour la détention, l’utilisation ou la mise en vente des sachets prohibés.

Quel bilan faire de l’application de cette loi ?

4 ans après l’adoption de la loi anti plastique au Sénégal, force est de reconnaître que le bilan est très mitigé voire mauvais.
En effet, malgré l’interdiction du gouvernement concernant les sacs en plastique à usage unique de moins de 30 microns en 2015, ces derniers continuent de faire partie intégrante du paysage urbain, volant dans les rues des grandes villes du buisson et jonchant les plages et le littoral de Dakar.
Ils sont largement utilisés par les petits vendeurs, les sandwicheries et les cantines de rue, les marchés, et même les comptoirs de légumes et de fromages des supermarchés.
A cela, il convient d’ajouter la hausse des importations des sacs en plastique. Selon l’ANSD (agence nationale de la statistique et de la démographie), les importations de sachets plastiques en 2016 ont connu une hausse par rapport à celle de l’année 2015. Elles sont ainsi passées de 1645 tonnes en 2015 à 2280 tonnes l’année suivante.
Selon les commerçants et industriels du Sénégal, l’une des raisons des difficultés dans l’application repose sur le fait que cette loi est incomplète, même s’ils estiment que la loi en elle-même est nécessaire.
Les militants écologistes quant à eux déplorent un laxisme des autorités. Ils pensent qu’il faudrait une volonté très forte du gouvernement mais aussi une implication de tous les acteurs et des populations.
Le gouvernement en ce qui le concerne, évoque un retard lors du vote de la loi, un délai accordé aux importateurs, un retard accordé aux producteurs, mais aussi à tous les acteurs du secteur, aux revendeurs et autres pour se dédouaner. Il aurait d’abord jugé nécessaire de parler aux gens, de les sensibiliser à l’impact négatif du plastique sur l’environnement.
Ainsi, face à ce bilan plus que mitigé, une alternative est proposée avec une nouvelle version de cette loi afin qu’elle prenne en charge un spectre plus large avec tous les sacs en plastique concernés.

Appel à des mesures plus radicales

Selon le gouvernement sénégalais, pour pallier au défaut d’application de la loi anti plastique, il faudrait élargir son champ d’application à tous les sacs en plastique et prévoir dans l’immédiat des mesures de sanctions beaucoup plus radicales avec notamment la possibilité pour les policiers de se rendre dans les magasins et d’infliger des amendes à ceux qui distribuent encore des sacs en plastique minces.
Plusieurs responsables et tenanciers de magasins et entreprises commerciales évoquent des alternatives aux plastiques.
Ils veulent en effet mettre en place le projet de sacs ‘Kraft’ (sacs en papier). Ainsi, l’objectif est d’essayer dans certains magasins de Dakar d‘éliminer complètement la vente de plastique des sacs et d’offrir aux clients le sac « Kraft » afin qu’ils puissent faire leurs achats de manière plus propre.
Insuffisant selon le groupe écologiste Greenpeace qui appelle les gouvernements à mettre en place une loi sur l’interdiction totale de plastique et d’emballages à usage unique. La pollution par ces déchets ayant atteint un niveau critique.
Les conclusions du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) montrent en effet que l‘équivalent d’un camion en plastique pénètre dans les océans toutes les minutes.
Le Sénégal a produit plus de 250 000 tonnes de déchets plastiques mal gérés en 2010. Ce qui en fait le 21ème pollueur océanique du monde.