Condamnation pour pratiques trompeuses de marketing

Dans sa décision, le tribunal de Norman en Oklahoma estime que Johnson & Johnson a trompé les médecins pendant des années à coup de campagnes marketing agressives pour les inciter à prescrire en masse son médicament anti-douleur à base de fentanyl, tout en en minimisant les risques de dépendance.
Ce produit pourtant très addictif est aujourd’hui au cœur de la crise des opiacés aux États-Unis. Après deux mois de procès, le groupe pharmaceutique est donc jugé responsable de cette crise de santé publique.
Une crise de la dépendance qui, selon les autorités américaines, a fait près de 6 000 morts par overdose rien qu’en Oklahoma et cause plus de 150 décès par jour en moyenne aux États-Unis. Cet État du Midwest particulièrement ravagé par cette épidémie avait porté plainte en 2017 contre plusieurs laboratoires pharmaceutiques dont Johnson et Johnson.
Ce qui est encore plus déplorable, c’est qu’au fil des années, le laboratoire a cherché à convaincre les médecins, apparemment avec succès, que ses médicaments ne créaient pas de dépendance. L’industrie utilisait en effet le terme de ''pseudo-addiction'' pour persuader les médecins que les patients qui présentaient des signes d’addiction, par exemple en demandant des doses d’opiacés de plus en plus fortes ou en revenant chez le médecin avant l’épuisement théorique de l’ordonnance précédente, ne souffraient pas réellement d’addiction, mais en fait de sous-traitement de la douleur, d’après le juge.
Sa condamnation à un demi-milliard de dollars doit servir à financer les programmes de lutte contre la toxicomanie, mais le groupe a immédiatement fait appel. Une quarantaine d’autres États américains ont déjà lancé des procédures similaires.

Règlement à l’amiable pour d’autres

L'un des opiacés les plus populaires au pic de la crise, l'Oxycontin, appartient au grand laboratoire Purdue, qui a choisi de régler les poursuites à l'amiable avec l'Oklahoma au lieu d'aller au procès, pour un montant de 270 millions de dollars. Le laboratoire israélien Teva a aussi négocié un règlement à 85 millions de dollars.
Au-delà de cette procédure, plus de 2000 plaintes ont été déposées contre les fabricants de médicaments opiacés par diverses juridictions à l’échelle nationale. Le prochain procès doit débuter en octobre dans l’Ohio alors qu’aux États-Unis, ces procédures sont déjà comparées aux actions en justice contre l’industrie du tabac dans les années 90 qui se sont soldées par un accord de plus de 200 milliards.