
Thoiry, le premier zoo au monde chauffé au biométhane
Par Delphine Duboc
Juriste, HSE
CEA
Posté le: 19/08/2019 22:33
Un projet ambitieux, qui a met à l’honneur les animaux vedettes du parc, aujourd’hui grâce à la méthanisation les animaux sont devenus leur propre producteur d’énergie.
Le système de biométhanisation désigne la production industrielle de biogaz qui consiste à stocker la matière organique dans une cuve hermétique, digesteur ou méthaniseur, dans laquelle les matières organiques sont soumises à l'action des bactéries. Les matières sont brassées et chauffées afin d'accélérer la fermentation et la production de biogaz.
La production annuelle s'élève à 10 950 tonnes de déchet vert, (on entend par déchet vert le fumier, les fruits et les légumes les huiles de friture végétale ou les herbes coupée) la valorisation des déchets est donc devenue crucial pour le parc animalier. Le parc rencontrait deux problématiques, l’un des déchets et l’autre de l’énergie. C’est pourquoi la création d’une installation de biodéchets s’imposait à la structure.
Concrètement, le procédé est réalisé en circuit court tout ce qui est méthanisé est collecté dans un rayon de 15 kilomètres. Il permet de chauffer l’ensemble des installations du parc, ainsi que neuf communes voisines.
Néanmoins ce projet à un coût, cette unité de méthanisation représente un investissement de 5 millions d'euros (avec le soutien de la région Ile-de-France et de l'Ademe à hauteur de 24,7 % et de 19,20 %), et d'un coût additionnel d'un million d'euros lié aux aménagements paysagers et à la réduction des nuisances olfactives et sonore.
Avec cette contribution, le parc rend son activité totalement respectueuse des animaux qu’elle héberge mais aussi de l’environnement qui l’entoure.
La méthanisation gagne du terrain en France.
Si le projet de méthanisation déployé au zoo de Thoiry est original, il s’inscrit aussi dans une tendance de fond. Depuis le début d’année 2018, le ministère de la transition écologique a fait de la méthanisation une de ses priorités en matière de développement des énergies renouvelables. D’autres initiatives ont déjà vu le jour : en mars dernier, c’est le marché de Rungis qui avait inauguré son unité de méthanisation pour transformer en biogaz l’intégralité de ses déchets alimentaires journaliers.
Cette nouvelle stratégie intervient alors que la France était, il y a encore huit ans, très en retard par rapport à ces voisins européens. En 2010, l’Allemagne comptait déjà 6 500 installations de méthanisation contre 275 en Italie, 80 au Danemark et seulement 45 en France. En 2017, la France est déjà passée à 405 unités de méthanisation.
A plus grande échelle, le gouvernement français soutient le déploiement d’unités de méthanisation, convaincu qu’il s’agit d’une solution énergétique pertinente, notamment en milieu agricole. Dans le rapport remis en mars dernier par le groupe de travail sur la méthanisation, les rapporteurs rappellent d’ailleurs l’ambition portée par la France : atteindre 10% de gaz d’origine renouvelable dans la consommation annuelle de gaz de l’hexagone d’ici 2030. Pour tenir cet objectif, la France va devoir accélérer le développement de la filière. Heureusement, le pays est sur la bonne voie. En 2017, la production de biométhane injectée dans le réseau de gaz a quasiment doublé par rapport à 2016 avec 215 GWh produits en 2016 contre 406 GWh en 2017.