L’époxiconazole est une substance phytosanitaire faisant partie des Azoles et dont on se sert comme fongicide. Il a été créé dans le but d’assurer la protection des cultures. Après l’adoption de la règlementation européenne sur les perturbateurs endocriniens en décembre 2017 et la mise en œuvre du document guide d’évaluation publié en juin 2018, l’Anses s’était autosaisie pour évaluer le caractère de perturbateur endocrinien de l’époxiconazole.
Rappelons que selon l’Organisation Mondiale de la Santé (l’OMS), un perturbateur endocrinien est une substance ou un mélange de substances, qui altère les fonctions du système endocrinien et de ce fait induit des effets néfastes dans un organisme intact, chez sa progéniture ou au sein de (sous)- populations. Les perturbateurs endocriniens peuvent être d’origine naturelle (hormones par exemple) ou résulter d’activités humaines (contenus dans des objets de consommation courante, dans des produits de traitement des cultures, dans des médicaments ou produits cosmétiques...).
A l’issue de ces travaux, l’Anses a conclu que l'époxiconazole est un perturbateur endocrinien pour l'être humain et les organismes non cibles, et présente un niveau de danger préoccupant pour l’Homme et l’environnement. L’époxiconazole est présumée toxique pour la reproduction humaine mais également cancérogène. Selon l’avis de l’Anses, l'époxiconazole est utilisée sur une part importante des surfaces cultivées en France, notamment en traitement des parties aériennes des végétaux (céréales, betteraves…), pour lutter contre les principales maladies fongiques de ces cultures. Environ 200 tonnes d’époxiconazole sont commercialisées chaque année en France. Il est utilisé sur environ 50% des surfaces céréalières (blé, orge, seigle, avoine), et 70% des surfaces de betteraves.
L’agence a donc confirmé le caractère perturbateur endocrinien de cette substance sur la base des critères de la nouvelle règlementation européenne sur les perturbateurs endocriniens, qui figure par ailleurs sur la liste des substances candidates à la substitution au niveau européen. Elle estime nécessaire le retrait du marché des produits à base d’époxiconazole et a notifié son intention aux détenteurs d’autorisations de mise sur le marché. Les retraits d’autorisation de mise sur le marché français concernent 76 produits commercialisés sous différents noms principalement par le géant allemand de la chimie BASF. Ces produits devront disparaitre du marché d’ici 12 mois.