Les différents scandales sur les substances chimiques tels que l’amiante, Monsanto Papers, et aujourd’hui la controverse sur le glyphosate ont amené les citoyens à s’interroger sur le processus d’évaluation des risques des différentes agences françaises et européennes. C’est ainsi que l’Assemblée Nationale avait saisi en octobre 2017 l’office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST). Rappelons que l'office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques a pour mission d'informer le Parlement français des conséquences des choix de caractère scientifique et technologique afin d'éclairer ses décisions. À cette fin, il recueille des informations, met en œuvre des programmes d'études et procède à des évaluations.

L’Opecst a travaillé durant un an et demi sur les travaux des agences chargées d’évaluer les risques sanitaires et environnementaux des nouvelles molécules mises sur le marché. L’objectif du groupe de travail était entre autres de déterminer si l'évaluation des risques permet de prendre les bonnes mesures d’interdiction, de restriction d'usage ou d’encadrement réglementaire lors de la mise sur le marché d'une nouvelle technique ou produit.

A l'issue de leur enquête, le groupe de travail de l'Opecst a identifié différentes failles dans la démarche et proposé des améliorations. Selon les parlementaires, l'objectif premier des agences chargées de l'évaluation n'est pas l'acquisition de connaissances mais d'éclairer la décision des décisionnaires. De ce fait, elle est limitée à son cadre réglementaire et ne peut pas être exhaustive. Ils relèvent ainsi que "si l'on estime que certains aspects des dossiers sont insuffisants, il convient d'abord de modifier le cadre réglementaire pour élargir les exigences en matière d'études et tests, ce qui est d'ailleurs régulièrement fait". Les agences se heurtent également dans leur travail d'évaluation au traitement de l'incertitude. Le groupe de travail encourage donc la mise à jour plus réactive des lignes directrices pour ne pas retarder l'adoption de nouvelles méthodes et tests plus sensibles. En outre, l’Opecst recommande d'améliorer l'attractivité des chercheurs pour ces missions afin que les agences puissent disposer de moyens humains. Il souhaiterait qu'elles puissent mettre en commun entre agences, les études et données disponibles pour l'ensemble des produits réglementés. Une structuration de leur dialogue pourrait également permettre d'éviter des divergences d'appréciation sur les risques. Pour montrer leur indépendance, les experts doivent fournir des déclarations d'intérêt qui tracent leurs liens par rapport à leur objet d'étude. Le groupe de travail souligne l'importance de prendre en compte et contrôler ces liens.

Le groupe de travail recommande aussi de donner la possibilité aux agences de réaliser leur propre étude notamment avec un fonds de recherche inter agences. D'une manière générale, les agences doivent composer avec les limites de la connaissance sur des phénomènes comme les effets cocktails, ou des perturbateurs endocriniens, le traitement des signaux faibles ou encore les effets à long terme de chaque substance comme de la surveillance post commercialisation. Des outils de compréhension des risques cumulés doivent encore être développés. Le groupe de travail suggère également de travailler sur des instruments de surveillance en temps réel des effets des produits réglementés.