Si notre production de déchets ou encore les impacts néfastes de notre système industriel sont désormais connus de tous comme ayant des conséquences catastrophiques sur notre écosystème, la pollution numérique, également qualifiée de pollution digitale, reste encore relativement méconnue.

D’un point de vue général, ce phénomène correspond à toute la pollution découlant des nouvelles technologies, mais on peut distinguer deux facteurs principaux : les appareils pour le fonctionnement et le fonctionnement en lui-même du Web.

Plusieurs chiffres peuvent nous alerter sur le bilan écologique du numérique :

- Il représente actuellement plus de 4 % des émissions de gaz à effet de serre, il est donc plus polluant que le secteur de l’aviation qui représente 3 % des émissions.

- Si Internet était un Etat, il s’agirait du 6ème pays le plus pollueur du monde.

- Le simple fait de cliquer sur « Recherche » dans la barre de recherche Google émet entre 5 et 7 grammes de CO2.

- En termes d’équivalence, l’utilisation d’une heure du Web à l’échelle mondiale équivaut à la consommation de 4000 tonnes de pétrole, soit 4000 allers-retours Paris/New York.

- L’utilisation arrivant en tête de liste est le visionnage de vidéos en streaming avec 63 % du trafic.

Concernant les outils de fonctionnement, on retrouve principalement les ordinateurs, tablettes ou encore les smartphones. Ces trois produits représenteraient 50 % de la consommation mondiale d’électricité dans le secteur des nouvelles technologies et leur fabrication compte parmi les processus les plus polluants au monde : il faut par exemple pour fabriquer un ordinateur 16 fois son poids en matériaux.

Par ailleurs, l’utilisation toujours plus accrue du numérique de nos sociétés, et notamment occidentales, ainsi que l’obsolescence programmée tendent à accroître considérablement cette pollution : ce sont 60 millions de tonnes de ces produits qui sont jetées chaque année, tandis que seulement 5 % sont recyclées.

Au delà des outils permettant d’utiliser le numérique, le fonctionnement propre du Web représente également une source de pollution importante. En effet bien que le numérique corresponde par définition à de l’immatériel, son fonctionnement nécessite des infrastructures conséquentes bien réelles ayant un effet fortement néfaste pour l’environnement. Il s’agit notamment des data centers. Il s’agit d’infrastructures permettant de stocker et d’échanger des données composées de serveurs, sous-systèmes de stockage, commutateurs de réseau et câbles permettant de relier tout le système. Ces infrastructures nécessitent une énergie considérable pour fonctionner, venant en grande partie des énergies fossiles. A cela s’ajoute le recours nécessaire à un système de climatisation car le fonctionnement des infrastructures dégagent énormément de chaleur et ne peut fonctionner sans procédé de refroidissement. On estime que les data centers représenteraient 25 % de la pollution numérique totale.

Plusieurs pistes sont d’ores et déjà appliquées ou explorées afin de réduire cette pollution :

- recherche de proximité entre les emplacements des data centers et des énergies renouvelables pour qu’ils soient alimentés par ceux-ci

- concevoir de « green data centers », conçus pour avoir un impact environnemental faible grâce à l’utilisation de matériaux de construction à faible émission

- un recyclage optimal des composants des équipements numériques

- recours des internautes à des « plateformes nettoyantes » leur permettant de se désabonner des newsletters non lues

- une conception améliorée des équipements afin de prolonger au maximum leur durée de vie pour ainsi s’opposer à l’obsolescence programmée

- le développement du reconditionnement d’appareils

- récupérer la chaleur émise par les data centers afin de produire de l’électricité (qui pourrait permettre d’alimenter ces mêmes infrastructures)

A toutes ces pistes pourrait s’ajouter la réduction de la consommation des internautes, que cela soit au niveau de l’achat des appareils ou de l’utilisation du Web.