Selon une étude publiée dans l’European Heart Journal le 12 mars 2019, la pollution de l’air serait bien plus mortelle. En réalité, ce terrible fléau serait à l’origine de 8,8 millions de décès chaque année dans le monde et près de 800 000 en Europe.

Le constat est alarmant. Les dernières estimations amènent à réaliser que la pollution de l’air serait deux fois plus meurtrière que ce que laissaient penser les données communiquées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) puisque l’organisation onusienne estimait à 4,5 millions le nombre de personnes décédées dans le monde chaque année en raison de la pollution de l’air.

Ces données amènent à considérer la pollution atmosphérique comme la première cause mondiale de mortalité devant le tabac qui est à l’origine de près de 7,2 millions de morts par an selon l’Organisation mondiale de la santé. A ce titre, les auteurs de cette dernière étude considèrent que l’organisation avait sous-estimé les risques engendrés par ce fléau mortel, réduisant ainsi son impact mondial.

A travers cette étude, Jos Lelieveld et ses collègues de l’Institut allemand Max Planck s’interrogent sur l’impact de la pollution de l’air en Europe et plus particulièrement dans l’Union Européenne. Le constat établi par ces chercheurs est encore une fois alarmant puisqu’ils revoient à la hausse, et doublent presque, les données liées au nombre de décès causés par ce type de pollution. Dès lors, il ne s’agirait plus seulement de 400 000 décès chaque année mais de près de 790 000 morts prématurés par an. Ces données reviendraient à considérer 129 cas annuels pour 100 000 personnes ainsi qu’une espérance de vie abaissée à 2,2 ans. Selon les chercheurs, les infarctus de myocarde seraient à l’origine de 40% des 790 000 décès. 8% seraient dû à des accidents vasculaires cérébraux, 7% à des cancers du poumon, 7% à des pneumonies, 6% à des bronchopneumopathies chroniques obstructives et les 32% restant seraient causés par diverses maladies chroniques.

Par ailleurs, l’étude indique que les pays de l’est, tels que la Croatie, la Roumanie, la Bulgarie et l’Ukraine seraient principalement touchés par ce fléau que représente la pollution atmosphérique. En effet, le taux de mortalité s’élèverait chaque année à 200 cas pour 100 000 personnes. S’agissant de la France, ce taux serait désormais de 105 cas par an pour 100 000 personnes, ce qui représente une baisse de l’espérance de vie de 1,6 an. A cet égard la France semble légèrement moins victime que ses homologues européens. La baisse de l’espérance de vie représenterait 2,8 ans en Pologne, 2,4 ans en Allemagne ou encore 1,9 ans en Italie.

En dehors de l’Union Européenne, la Chine, particulièrement atteinte par la pollution de l’air, verrait son taux de mortalité s’élever à 2,8 millions de morts chaque année.

Ces nouvelles estimations seraient dues au développement d’un nouvel outil statistique de mesure, combinant les taux de mortalité et l’exposition, par ces chercheurs allemands. Ces derniers ont estimé l’exposition des individus aux polluants en se basant sur un modèle simulant la façon dont les gaz atmosphériques interagissent avec les composés chimiques issus de l’activité humaine.

L’étude publiée dans l’European Heart Journal rappelle le caractère urgent de la situation climatique mondiale, son impact direct sur la santé humaine et la nécessité de réduire les seuils d’exposition des individus aux particules fines. En 2015, un rapport publié dans la revue The Lancet relevait déjà la nécessité de traiter ce fléau mortel. Ce dernier indiquait qu’un décès sur six survenu dans le monde cette année-là était lié à la pollution, notamment de l’air.