Le constat relatif à l’altération de la biodiversité est alarmant. Une étude publiée dans Nature Ecology & Evolution le lundi 4 mars 2019 signale que l’impact sur la biodiversité de la consommation mondiale de biens importés ne cesse de accroître.

L’essor du commerce international est à l’origine de l’externalisation croissante des impacts environnementaux de nos consommations. La perte de biodiversité résulte de plus en plus des processus de production et de consommation initiés aux niveaux national, régional et mondial. A ce titre, la protection de cette biodiversité ne doit plus s’appuyer sur des interventions locales ou des mesures techniques limitées.

Tandis que l’impact des émissions de gaz à effet de serre a conduit à la naissance du concept d’ « empreinte carbone », l’accroissement des effets du commerce international a amené à parler d’ « empreinte biodiversité ». Dans ladite étude, des membres de l’Institut des sciences de l’environnement des Pays-Bas ont tenté de mesurer cette « empreinte biodiversité » et d’analyser son évolution entre 2000 et 2011.

La première interrogation est relative à l’identification d’un indicateur, de faune ou de flore, permettant de mesurer cette « empreinte biodiversité ». A ce titre, l’indice déterminé par les chercheurs pour identifier cet impact correspond au nombre d’espèces d’oiseaux à risque d’extinction, en raison du changement d’usage des sols, apprécié vis-à-vis du volume et de la nature des marchandises échangées à travers le monde durant une période donnée, en fonction de l’impact de leur production sur l’usage des sols. L’étude fait part de données alarmantes pour la biodiversité. Effectivement, le nombre d’espèces d’oiseaux à risque d’extinction, en raison de l’usage des sols, est passé de 69 à 74 entre 2000 et 2011, soit plus de 7%.

D’autre part, il convient de souligner que la hausse des impacts sur la biodiversité résulte de certains facteurs non négligeables. En premier lieu, le constat relatif à la biodiversité résulte en partie de certaines cultures agricoles, dont notamment les cultures de soja et d’huile de palme. En outre, l’élevage bovin constitue le premier responsable de l’extinction des espèces avec une part de 28% et l’exploitation forestière, que ce soit pour le bois matériaux ou le bois combustible, est à l’origine de la baisse de séquestration du carbone dans les sols à hauteur de 30%. En effet, l’étude publiée dans Nature Ecology & Evolution indique que la séquestration de carbone dans les sols, indispensable pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre responsables du changement climatique, a diminué de 3,4 milliards de tonnes (GtC) en 2011 contre 3,2 GtC en 2000, ce qui correspond à une hausse de 6% en l’espèce d’une dizaine d’années.

La région mondiale Asie-Pacifique, et en premier lieu la Chine, s’affirme dans le commerce international comme une véritable puissance économique. En revanche, elle participe à ce titre à une part croissante dans les dégâts à la biodiversité. Alors que cette part était de 13% en 2000 pour cette région du globe, elle constituait 23% en 2011 selon l’étude publiée en mars dernier. S’agissant de l’Europe occidentale et de l’Amérique du Nord, leur part dans les dégâts liés à la biodiversité est passée de 69% en 2000 à 48% en 2011. Les pays exportateurs sont également touchés par les atteintes à la biodiversité de manière non négligeable. En premier lieu, l’Amérique latine est la région exportatrice la plus impactée avec 33% des atteintes à la biodiversité liées à des produits vendus à l’international, tandis que la part s’élève à 26% pour l’Afrique.

Les résultats de cette étude publiée en mars 2019 devraient notamment inspirer les débats de la Convention sur la diversité biologique qui se tiendra en 2020. Adoptée lors du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992, ce traité international a pour objectif la conservation de la diversité biologique, l’utilisation durable de ces éléments et le partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques.

La prise en compte de l’impact du commerce international sur la biodiversité devrait constituer l’un des enjeux majeurs lors des prochaines réunions internationales relatives à l’atténuation du changement climatique.