Le 1er février François de Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire, et Emmanuelle Wargon, secrétaire d'Etat auprès du ministre, signent avec les élus locaux le "projet d'avenir" du territoire de Fessenheim (Haut-Rhin).

Ce projet Fessenheim doit permettre de dépasser "la remise en question profonde du modèle économique, environnemental et social sur lequel le développement du territoire s'est appuyé ces dernières décennies", selon le ministère.

L’objectif est de rendre le projet Fessenheim un modèle de reconversion pour inspirer les projets de territoire des communes impactées par la fermeture annoncée d'autres centrales nucléaires et de celles au charbon.

Une société d'économie mixte (SEM) sera chargée de conduire les projets d'aménagement et de développement économique. Les collectivités locales françaises, EDF, la Chambre de commerce et d'industrie, la Banque des territoires et l'Etat participeront à l'actionnariat de la SEM aux côtés d'acteurs allemands qui restent à préciser.
En effet, David Coste, le délégué interministériel à l'avenir de territoire de Fessenheim pilote les travaux en vue d'accompagner les territoires concernés par l'abandon du charbon à l'horizon 2020-2022.

En janvier 2018, Sébastien Lecornu, secrétaire d'Etat à la Transition écologique, lançait le comité de pilotage chargé de préparer et d'accompagner la fermeture de la doyenne des centrales nucléaires françaises. L'un des principaux objectifs est d'assurer la reconversion des quelque 2.000 emplois directs et indirects impactés par la fermeture du site : EDF a décidé de redéployer son personnel sur d'autres sites. Les 250 sous-traitants travaillant directement sur la centrale bénéficieront d'une cellule de reconversion qui assurera un suivi individualisé.

Le premier axe du projet vise la création d'emplois dans le cadre de la reconversion économique du territoire. Concentré sur Fessenheim et les communes voisines (réunies dans la communauté de communes Pays Rhin-Brisach), cet axe doit permettre de créer "au moins autant d'emplois que ceux perdus" en assurant la reconversion des acteurs directement concernés par l'arrêt de la centrale. Il s'appuie en grande partie sur le développement d'un parc d'activité de 220 hectares en bordure de Rhin destiné à accueillir des activités industrielles, portuaires et fluviales. L'étude de la faune et de la flore a d'ores et déjà été engagée afin d'évaluer leur intérêt en termes de biodiversité et envisager des mesures de compensation. Plusieurs dizaines de millions d'euros pourraient être investis sur le futur site d’ « EcoRhena », indique le ministère.

Le deuxième axe du projet est l'amélioration de la desserte du territoire et les mobilités. Il doit permettre d'améliorer la mobilité dans les communes et communautés de communes limitrophes de la centrale. Le territoire concerné est le triangle Colmar-Mulhouse-Fribourg. Le projet phare de cet axe de travail est l'étude du rétablissement de la liaison ferroviaire entre Colmar et Fribourg dont le principe a été validé en avril 2018. En effet, la voie ferrée est interrompue depuis la destruction du pont ferroviaire en 1945. Aujourd'hui, la liaison routière est saturée, constatent les pouvoirs publics.

Les deux derniers axes de travail sont la transition énergétique et l'innovation industrielle à l'échelle du département du Haut-Rhin et de la région Grand Est. L'appel d'offres photovoltaïque de 300 mégawatts (MW) est un point fort de ce projet. Composé de trois tranches (200 MW de photovoltaïque au sol, 75 MW en grandes toitures et 25 MW de petites installations), il représente un engagement public de 250 millions d'euros sur 20 ans. Plus globalement, une trentaine de projets innovants pourraient être lancés prochainement, sur un vivier de 130 projets identifiés par les pouvoirs publics.