Afin de ne pas avoir à payer la Taxe Générale sur les Activités Polluantes (TGAP), impôt mis en application en janvier 2000, les distributeurs de carburant ont introduit de plus en plus d’agrocarburants. Si la betterave à sucre ou encore l’huile de colza ont longtemps été utilisées, l’huile de palme est depuis 2010 très populaire, à tel point que 75 % de l’huile de palme en France sont utilisés pour les agrocarburants, avec seulement 25 % pour l’alimentation et les cosmétiques.

Mais l’utilisation de l’huile de palme est depuis ces dernières années fortement controversée : cette huile est en effet trois fois plus nocive en terme d’impact écologique que n’importe quel carburant fossile. La culture de l’huile de palme représente une cause majeure de déforestation, ce qui implique une pollution atmosphérique importante puisque le carbone jusqu’alors stocké dans les arbres se retrouve désormais dans l’atmosphère.

Cet état de fait ajouté aux impacts catastrophiques sur les populations d’orangs-outangs, fortement dépendantes de leur milieu naturel déforesté, a poussé de nombreuses associations écologistes a protesté contre cette mesure avantageuse pour les distributeurs de carburants. Outre ces aspects écologiques, le prix de l’huile de palme est 1,5 fois plus cher que le prix du gazole en sortie de raffinerie. Les consommateurs payent donc un carburant plus cher, pour permettre aux distributeurs d’être exonérés de la TGAP.

Si les députés avaient initialement rejeté l’amendement visant à supprimer cet avantage fiscal concernant ces agrocarburants, invoquant alors un impact considérable pour l’entreprise Total et de lourdes conséquences sur l’emploi, l’Assemblée Nationale a finalement mis fin à l’avantage fiscal pour les agrocarburants contenant de l’huile de palme à partir de 2020, en excluant cette huile de la liste des agrocarburants. L’avantage fiscal pour l’entreprise pétrolière française représentait en effet 100 millions d’euros par an, ce qui est considérable même pour une entreprise d’une telle ampleur. Les députés ont adopté cet amendement à l’occasion de la lecture finale du projet de loi de finances pour 2019 dans la nuit du 18 au 19 décembre 2018.

Bon nombre d’associations écologistes, dont Greenpeace, largement investies dans ce débat, se réjouissent de cette décision. Elles considèrent qu’un signal fort a été envoyé à l’Europe et souhaitent désormais voir une action de la part de la Commission Européenne afin que l’huile de palme soit progressivement éliminée dans les agrocarburants des autres pays européens.