L’Agence fédérale américaine de protection de l’environnement (EPA) remet en cause les normes d’émissions de gaz à effet de serre et d’efficacité énergétique des véhicules particuliers et petits utilitaires mis en service entre 2022 et 2025, adoptées sous l’administration Obama.
Les anciennes normes, dites CAFE —Corporate Average Fuel Economy, instituées par l'administration Obama, prévoyaient des augmentations graduelles de l'autonomie des véhicules pour atteindre un objectif de 54,5 miles pour un gallon d'essence, soit 4,32 litres aux 100 kilomètres, en 2025.
Les nouvelles règles, proposées conjointement par l'EPA et l'agence de la sécurité routière (NHTSA), limitent l'objectif à 37 miles pour un gallon après 2021, soit 6,3 litres aux 100 kilomètres.
Elles suspendent l'injonction faite aux constructeurs automobiles par l'administration Obama de construire davantage de véhicules moins polluants, plus économes en carburant, notamment des véhicules hybrides et électriques.

Suite à son évaluation de mi-mandat (Midterm Evaluation) pour les émissions de gaz à effet de serre datant d’avril 2018, l’EPA a donc franchi une nouvelle étape dans son processus d’assouplissement des normes environnementales, en remettant notamment en cause l’exception californienne. En effet, sous le régime Obama, la Californie bénéficiait d’une dérogation lui permettant d’imposer des normes plus strictes pour les véhicules vendus sur son sol. D’autres Etats – de plus en plus nombreux – suivent la Californie et ce sont ainsi 12 Etats représentant plus de 40% du marché qui obligent les constructeurs à faire mieux que ce que l’EPA exige . Dans la mesure où concevoir des véhicules spécifiques constituerait un certain problème pour les constructeurs, c’est de facto, la norme californienne qui devient la norme fédérale.
L'administration Trump a dévoilé le 2 août 2018 une proposition législative visant à geler jusqu'en 2026 les normes d'émissions des véhicules particuliers à leur niveau de 2020 et à révoquer l'autorité dont dispose la Californie pour fixer ses propres normes d’émissions —ce qui risquerait de conduire à une longue bataille juridique et politique avec la Californie et à deux marchés automobiles distincts aux Etats-Unis.

Cette décision fait partie de l’intention de Donald Trump de démanteler une grande partie du « plan climat » établi par son prédécesseur Barack Obama, à l’instar du retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris sur le climat qu’il estime nuisible aux intérêts économiques américains.
Cette décision a déjà des conséquences internationales, notamment sur l’accord de libre-échange entre les États-Unis et la Corée du Sud qui fait l’objet d’une renégociation afin d’y apporter d’éventuels amendements, le nouveau traité devrait être ratifié avant le début d’année 2019. Un des sujets importants de cet accord dit « Korus », signé en 2007 et entré en vigueur en 2012, est le marché automobile qui constitue une grande partie du commerce entre les deux pays —la Corée du Sud exportant de nombreux véhicules vers les Etats-Unis.

Les orientations de l’EPA sous l’administration Trump vont à l’encontre du mouvement international visant à favoriser les transports décarbonés, et ne permettent pas une stimulation des investissements américains vers des véhicules plus « propres », ce qui aura, outre des conséquences sur la lutte contre le changement climatique et sur la santé humaine du fait de la pollution atmosphérique, un impact sur l’industrie automobile américaine sur le long terme.