A la sortie de la seconde guerre mondiale, l’Europe avait connu régulièrement des famines. La Politique Agricole Commune (PAC) a été lancée en 1962 et visait à assurer la sécurité alimentaire des Européens au niveau quantitatif. Vingt ans après, l’objectif a été atteint. Dès lors, au niveau agricole, l’Union Européenne (UE) est devenue une puissance exportatrice mondiale. Toutefois, la situation a inversé à partir des années 80. L’Europe faisait face à un problème d’excédents alimentaires. Afin d’y remédier, l’Europe souhaitait diversifier ses débouchés pour valoriser les surplus et s’est ouverte aux pays en développement. La décennie 80 est donc marquée par la libéralisation des échanges.
Entre 1974 et 2014, le gaspillage alimentaire a multiplié par deux. Sans pouvoir démontrer le rapport entre le gaspillage alimentaire et la dépréciation du prix des denrées alimentaires, il est admissible de supposer qu’en raison de l’abondance alimentaire en Europe, l’alimentation est souvent considérée comme une matière à la portée de tous et inépuisable.

La prise de conscience du caractère limité de l’alimentation ne s’est manifestée qu’au tournant des années 2000, par l’expression des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) dans lesquels s’affiche la lutte contre l’extrême pauvreté et la faim. Cette prise de conscience est renforcée par la flambée de prix agricoles en 2007-2008 ainsi que par le souci d’alimenter les 9,8 milliards d’habitants de la planète d’ici 2050 (selon le centre d’actualités de l’Organisation des Nations Unies).
Au niveau réglementaire, les textes de référence en matière de lutte contre le gaspillage alimentaire dans l’Union Européenne sont :
- La directive 2008/98/CE du Parlement européen et du Conseil du 19 novembre 2018 ;
- La résolution du Parlement européen du 19 janvier 2012 sur le thème « Eviter le gaspillage des denrées alimentaires : stratégies pour une chaîne plus efficace dans l’Union Européenne ».
- Les deux avis relatifs à la lutte contre le gaspillage alimentaire émis par le Conseil Economique Social et Environnement en 2013 et en 2016.


La directive de 2008 a fixé la hiérarchie du traitement des déchets en cinq étapes afin de réduire le volume des déchets produits : la prévention – la préparation en vue du réemploi – le recyclage – les autres valorisations énergétiques (valorisation énergétique et compostage), enfin, l’élimination des déchets. Cette hiérarchie est reprise à l’article L. 541-1 du Code de l’environnement.


Par la résolution du 19 janvier 2012, le Parlement européen incite les Etats membres à réduire de moitié ce gaspillage d’ici 2025 en invitant particulièrement les acteurs de la chaîne agroalimentaire, du champ à l’assiette, de définir des orientations par secteur afin d’améliorer le fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement alimentaire.


A travers ces avis, le Conseil Economique Social et Environnement propose de raccourcir la chaîne alimentaire pour limiter les pertes et gaspillages. Par ailleurs, il soutient les Etats membres à intégrer l’éducation alimentaires dans les programmes scolaires.



Sources :
- V. FOURCIN, Le gaspillage alimentaire : Quelles initiatives éco-innovantes au sein de l’Union Européenne, janvier 2017, p. 12.
- Ministère de l’environnement. La lutte contre le gaspillage alimentaire : https://developpement-durable.gouv.fr/La-lutte-contre-le-gaspillage.html
- L. ROUQUETTE, sous la Direction de D. STOKKINK, Le gaspillage alimentaire en Europe, note d’analyse, novembre 2017.
- Résolution du Parlement européen du 19 janvier 2012 sur le thème « Eviter le gaspillage des denrées alimentaires : stratégies pour une chaîne alimentaire plus efficace dans l’Union européenne » (2011/2175(INI))
- CESE, La contribution de la société civile à une stratégie de prévention et de réduction des pertes et du gaspillage alimentaires, Avis, 2013.
- CESE, Vers des systèmes alimentaires plus durables, Avis, mai 2016.