
La sécurité nucléaire face au terrorisme aujourd’hui
Par Constance Matherat
Posté le: 08/12/2017 16:19
L’association Le Réseau Sortir du Nucléaire a annoncé le 2 décembre 2017 que près de 250 personnes ont déposé plainte pour risque causé à autrui. Ces plaintes ont été recensées à divers endroits tels que les commissariats de Colmar, Thionville, Bordeaux, Lyon, ou encore Dunkerque. Ces personnes cherchaient à dénoncer l’insécurité nucléaire dans nos centrales et plus précisément, la vulnérabilité des sites nucléaires face aux diverses agressions extérieures.
En effet, et c’est d’ailleurs le sujet qui a été soulevé dans le reportage « Sécurité nucléaire : le grand mensonge » le 5 décembre dernier diffusé sur Arte, les centrales nucléaires sont aujourd’hui sujettes à diverses menaces notamment terroristes. Les risques sont nombreux et parmi ceux-ci, on retient les nouvelles technologies avec les drones capables de survoler les installations nucléaires, les cyberattaques, les intrusions, les vols de matériaux nucléaires ou encore, les sabotages par des salariés. D’ailleurs, s’agissant des drones, et c’est ce qui peut expliquer l’inquiétude et pousser les personnes à porter plainte, des installations nucléaires ont été survolées de nombreuses fois à l’automne 2014.
Ces vols étaient peut-être inoffensifs mais à la suite des attentats qui ont touché la France en moins d’un an, le risque nucléaire n’est quand même pas à nier. La France n’est certes pas à l’abri d’un risque lié à des armes chimiques ou biologiques, mais elle n’est également pas à l’abri d’un risque bien plus important tel que le nucléaire. Il faut savoir que le nucléaire a des effets considérables qu’il faut prendre en compte et constitue en ce sens le moyen le plus radical d’infliger sur un territoire entier des dommages d’une grande gravité et durables.
Les sites nucléaires présentent malheureusement de nombreuses failles de sécurité. Ces failles sont notamment dénoncées par les activistes de Greenpeace qui s’introduisent régulièrement sur des sites nucléaires. Parmi celles-ci, on compte les piscines qui contiennent les combustibles usés et qui peuvent être atteintes par un tir de roquette ou un crash d’avion. En effet, à l’heure actuelle, il est impossible d’empêcher un crash d’avion à n’importe quel endroit, pas même sur une centrale nucléaire. Les failles se matérialisent également par des attaques informatiques, attaques sur des sites risqués, ou encore manœuvres kamikazes.
Pour éviter le risque nucléaire, et ainsi renforcer la sécurité nucléaire face à la menace terroriste principalement, la loi du 2 juin 2015 (n° 2015-588) relative au renforcement de la protection des installations civiles abritant des matières nucléaires est intervenue afin de prévenir les intrusions dans les centrales. Pour cela, elle a mis en place de lourdes pénalités pour toutes personnes qui, sans autorisation, pénètreraient sur un site nucléaire. Cependant, le caractère dissuasif de cette loi et le renforcement de la sécurité nucléaire face à la menace terroriste restent à discuter, notamment vis-à-vis d’une personne kamikaze.
Finalement, à l’heure actuelle, on ne peut parler de sécurité nucléaire. On ne pourrait parler de sécurité nucléaire qu’à la fermeture définitive des sites nucléaires. Selon l’ex-Premier ministre japonais Naoto Kan en 2013 « ma conclusion est que la meilleure sécurité dans le nucléaire c’est de ne pas avoir de centrales nucléaires du tout ».