Le changement climatique, ou dérèglement climatique, se manifeste particulièrement par un réchauffement ou un refroidissement de la Terre. Autrement dit, on fait référence à une modification durable du climat global de la Terre provoquée par des éléments intrinsèques à la Terre, par des influences extérieures telles que les rayonnements solaires par exemple, ou encore par les activités humaines. Ce phénomène, principalement causé par les émissions de gaz à effet de serre tels que les vapeurs d’eau, dioxyde de carbone ou encore le protoxyde d’azote, engendre de nombreuses catastrophes naturelles qui ont d’ailleurs tendance, de nos jours, à s’aggraver.

En effet, on a pu constater dernièrement les dégâts importants occasionnés par l’ouragan Irma d’une particulière violence qui a touché les Antilles, ou encore la Floride fin août 2017. Mais on note également aujourd’hui la fonte importante des glaciers andins au Pérou qui alimente de plus en plus les lacs d’altitude. Cette fonte des glaces s’avère inquiétante compte tenu du lac qui risque de céder et d’inonder les villes situées à proximité. Cela ferait autant de ravages que l’ouragan Irma.

L’inquiétude se fait de plus en plus présente puisqu’en effet, des études ont pu démontrer qu’au Pérou, les glaciers ont perdu, en 40 ans, presque la moitié de leur surface. À cet égard, prenant conscience que la ville de Huaraz est fortement menacée par la fonte des glaciers andins, Saul Luciano Lliuya, agriculteur et guide de montage péruvien, avait décidé d’intervenir et d’attaquer un des potentiels responsables de ce phénomène.

En effet, celui-ci avait demandé en 2016 à ce que soit reconnue la responsabilité du géant de l’énergie allemand RWE non seulement du fait de la fonte des glaciers andins, mais d’une manière générale, du fait du réchauffement climatique qui cause la fonte de ces glaciers. Il demandait le remboursement des frais engagés par les divers travaux visant à protéger la ville entière contre la montée des eaux.
On peut se poser la question suivante : pourquoi a-t-il décidé d’attaquer ce groupe allemand en particulier ?
Cela s’explique tout simplement par le fait que, pour le requérant, cet énergéticien allemand est l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre. Il n’est pas anodin de remarquer que selon l’étude menée par l’ONG américaine Union Of Concerned Scientists, 90 entreprises sont responsables de près de 2/3 des émissions de gaz à effet de serre. Il s'agit essentiellement d’entreprises productrices de pétrole, gaz, charbon et ciment.

Le jugement rendu en 2016 ne lui avait été malheureusement pas favorable. Toutefois, sa bataille à l’encontre de cet énergéticien allemand ne s’est pas terminée à ce moment-là. En effet, le tribunal régional supérieur de la ville de Hamm, au Nord-Ouest de l’Allemagne, qui est d’ailleurs l’équivalent de la Cour d’appel française, a, quant à lui, accepté d’examiner sa requête ce jeudi 30 novembre 2017. Il faut noter que la responsabilité a été reconnue dans un contexte où se tiennent diverses conférences sur le climat dont la dernière en date en novembre 2017 à Bonn en Allemagne (COP23). D’ailleurs, le principe de responsabilité d’un État du fait de son inaction face au climatique avait également été consacré par la Cour du district de la Haye le 24 juin 2015.

Cependant, il ne s’agit que d’une première étape du procès puisque des preuves reste à apporter. Cette seconde étape ne s’avère pas être aussi simple puisque de multiples acteurs et causes entrent en compte dans le changement climatique. Néanmoins, le simple fait d’avoir accepté la requête de Saul Luciano Lliuya est une première victoire et selon son avocate, Roda Verheyen, « pour la première fois, un tribunal estime que les contributeurs au changement climatique devront payer pour la protection contre les risques généralement encourus par d’autres en raison des changements climatiques ».