L’Organisation mondiale de la santé estime à 125 millions le nombre de travailleurs exposés à l’amiante dans le monde, et à 107.000 par an le nombre de décès dus à ce matériau.

Si la fibre est interdite dans une soixantaine de pays (dont la France), un encore trop grand nombre d’Etats continue de l’utiliser, et même de l’extraire, à l’instar du Brésil. Une loi fédérale de 1995 permet toujours, au niveau national, l’utilisation et l’extraction de la chrysotile, l’amiante blanche.

Dans l’Etat de Goias, au Brésil, le groupe Eternit exploite ainsi la dernière mine d’amiante d’Amérique du Sud encore en activité. Cette mine est en capacité de produire 240.000 tonnes par an.

L’autorisation de l’amiante dans le pays fait l’objet d’un vif débat depuis de nombreuses années.

Le Tribunal suprême fédéral, plus haute juridiction judiciaire et cour constitutionnelle du pays, s’en est saisi récemment, rendant, le 24 aout 2017, un jugement assez confus, selon la fondatrice de l’ABREA, l’ « association brésilienne des exposés à l’amiante », Mme Fernanda Giannasi. Il avait à se prononcer sur la validité de la loi de l’Etat de Sao Paulo interdisant l’amiante sur son territoire, ainsi que sur la constitutionnalité de la loi fédérale de 1995.

Ainsi, dans un premier temps, à cinq voix contre quatre, les juges se sont prononcés pour l’inconstitutionnalité de la loi fédérale de 1995, mais à une majorité trop faible pour pouvoir effectivement la déclarer inconstitutionnelle.
Cependant, dans un second temps, le Tribunal a validé l’interdiction de la fibre litigieuse dans l’Etat de Sao Paulo, avant de finalement revenir déclarer inconstitutionnelle la production et la vente d’amiante au Brésil.

Si une dizaine d’Etats brésiliens disposent déjà d’une interdiction de l’utilisation de l’amiante, un flou règne désormais concernant les Etats autorisant encore l’usage de l’amiante sur leur territoire : l’utilisation même contrôlée du matériau est désormais privé de toute base légale, avec l’inconstitutionnalité de la loi fédérale de 1995.

Les débats ne sont donc pas encore clos, dans l’attente d’un texte législatif fédéral interdisant formellement l’utilisation de l’amiante dans l’ensemble du pays.

D’après la fondatrice de l’ABREA, la baisse de la demande d’amiante dans le monde, qui s’est amorcée lentement depuis les années 1990, devrait, dans les faits, mettre peu à peu un terme à l'exportation de l'amianteet donc aux activités s'y rapportant : « C’est une tendance mondiale, le Brésil pays exportateur continuera à être affecté par la baisse de la demande. Il y a une sorte d’effet domino. Le Canada, qui avait une grande part du marché de la production, a annoncé une prochaine interdiction en 2018 ».