L’assemblée générale d’ExxonMobil a voté à une large majorité, mercredi 31 mai, en faveur d’une proposition visant à contraindre la grande société pétrolière à évaluer l’impact financier des politiques publiques sur le climat sur son activité, après l’accord de Paris. Les actionnaires ont ainsi infligé un revers à la compagnie pétrolière en la poussant à faire la lumière sur l’impact financier des politiques environnementales. Ce changement de position a été acté par une résolution portée par des militants écologistes et a été adoptée par 63,2% des actionnaires.

Cette décision représente une victoire pour les ONG écologistes qui demandent depuis des années à ExxonMobil de réduire ses investissements dans l’exploration de nouveaux puits pétroliers dans la mesure selon elles, les nouvelles politiques environnementales vont rendre cette activité, première contributrice aux bénéfices moins lucrative. En 2016, une motion similaire n’avait recueilli que 38,2% des suffrages lors de l’assemblée générale. Cette année, les défenseurs de l’environnement semblent avoir convaincu les puissants fonds américains Vanguard et BlackRock, qui détiennent d’importants droits de vote. ExxonMobil n’a pas pour l’instant pas communiqué le détail des votes de ses actionnaires.


A la suite du vote qui a eu lieu au cours de l’assemblée générale annuelle à Dallas (Texas), le PDG Darren Woods (qui a succéder en janvier à Rex Tillerson) a indiqué que le groupe allait « examiner » attentivement sa position à la lumière des résultats même si la proposition n’est pas contraignante.

ExxonMobil avait appelé à voter contre cette motion et était même adressé quelques heures seulement avant le scrutin une lettre aux grands actionnaires pour obtenir leur soutien. Dans cette lettre, ExxonMobil se disait concerné par les craintes des écologistes mais qu’il était en désaccord avec l’approche préconisée par les écologistes pour lutter contre le réchauffement climatique. Selon les résultats définitifs, 62,3 % des actionnaires se sont prononcés en faveur de la résolution, inspirée par des militants écologistes et présentée par le fonds de pension de l’Etat de New York.
Ce vote intervient, en outre, au moment où le président américain Donald Trump réserve encore sa décision sur l’accord de Paris de décembre 2015, qui vise à limiter la hausse du thermomètre mondial à moins de 2 ºC par rapport à l’ère préindustrielle.

ExxonMobil a toujours eu une approche ambiguë sur le changement climatique. Mercredi, le groupe a, par exemple, réitéré que l’accord de Paris permettait de répondre efficacement aux « risques » climatiques. « Le changement climatique est l’une des problématiques les plus importantes à laquelle font face notre entreprise et la société », a déclaré Darren Woods en ouverture de l’AG, tout en réaffirmant le soutien d’ExxonMobil à une taxe carbone.
D’un autre côté, le géant pétrolier est engagé dans une bataille judiciaire avec l’Etat de New York qui le soupçonne d’avoir trompé le grand public et ses actionnaires sur l’impact des produits pétroliers sur l’environnement