Pendant longtemps, le pire danger pour les cachalots et les baleines était d’être harponné par des chasseurs. Aujourd’hui, c’est le danger de collisions mortelles avec des cargos qui est la menace la plus importante. Après les chasseurs, cette nouvelle menace perfide remet en cause la survie des cachalots. Pour prévenir du risque de collision, le WWF a appelés les compagnies maritimes à s’équiper d’un dispositif anticollision. Ce dispositif a pour objectif de partager en temps réel la position des grands cétacés repérés par des équipages.

A partir du 1er juillet 2017, ce système sera obligatoire sur les navires de plus de 24m battant pavillon tricolore. En France, entre 60 et 80 bateaux sont concernés et notamment les deux compagnies maritimes transportant des passagers : la Méridionale et Corsica Línea (ancienne SNCM). La compagnie Corsica Ferries a décidé par elle-même de participer au projet. « Cette société française, dont les navires battent pavillon italien et ne sont donc pas soumis à l’obligation légale, a annoncé qu’elle allait équiper quatre de ses navires de façon volontaire », se réjouit le WWF.

Le second danger contemporain pour les cétacés est la pollution. Aujourd’hui la pollution marine est telle que les océans sont envahis de microplastiques qui se concentrent au gré des courants marins. Cette pollution invisible entraine la mort de centaines de milliers d’oiseaux, de tortures mais également de cétacés dont leurs estomac est remplis de plastiques. Plus précisément, cette contamination est liée à la présence de phtalates dans les plastiques. Ces composés chimiques présents dans les matières plastiques ont des effets nocifs pour la fertilité, le développement du fœtus et pour le nouveau-né. Ces substances sont utilisées pour assouplir les matières plastiques (tel que les emballages, les revêtements de sol, les rideaux de douche ou encore les peinture) mais également comme fixateur de produits cosmétiques (tel que le vernis à ongles, la laque et les parfums).

Le responsable océans au WWF, Denis Ody, explique que « les stations d’épuration laissant passer des résidus de phtalates issus de produits cosmétiques qui partent ensuite à la mer. Il y a aussi beaucoup de morceaux de plastique qui dérivent dans les rivières et se retrouvent ensuite en Méditerranée où ils se désagrègent en tout petits bouts ». «Près de 269 000 tonnes de déchets plastiques formés de plus de 5 000 milliards de particules flottent sur les océans, ajoute la présidente du WWF, Isabelle Autissier. Notre étude confirme une nouvelle fois l'intensité de cette pollution en Méditerranée, où la densité de microplastiques est parmi les plus élevées au monde.» Même si pour le moment il ne s’agit que de traces de phtalates, les échantillons recueillis par l’ONG montrent la présente du plus toxique des phtalates : le DEHP (DiEthylHexyl Phthalate) à des niveaux significatifs dans la chair des cétacés.

Cette pollution a entrainé le surnom d’une zone dans le nord de l’Océan Pacifique : le 7eme continent, il s’agit d’une zone où s’agglomèrent des milliards de fragments de déchets plastiques. Chaque année plus de huit millions de tonnes de plastiques seraient déversés dans les océans. En plus de contaminer les cétacés ou les fruits de mer, les microplastiques contaminent également le sel de table. En effet, une étude publiée en avril 2017, dans la revue Scientic Reports, montre que sur seize marques de sel de huit pays différents analysées, toutes contiennent des traces de microplastiques sauf une.

Comme pour les cétacés, le danger pour la santé reste minime mais cela en dit long sur l’état des océans. "Les concentrations de microplastique dans les fruits de mer et le sel sont suffisamment basses pour qu'elles ne représentent pas un problème pour la santé humaine pour l'instant", souligne le biologiste Richard Thompson, expert en pollution plastique, au magazine environnemental anglais Hakai. Mais si les océans continuent à être autant pollués par les micro-plastiques, il sera peut-être alors temps de s'en inquiéter.

Pour essayer d’agir contre cette pollution maritime, il faut aller plus loin que la gestion des déchets, il faut traiter la pollution dans son ensemble. L’une des clés se trouve également dans le civisme de chacun. La diminution de la pollution à la source est toujours pertinente mais il faut également que cela passe par le changement de comportement des consommateurs pour aller vers l’achat de produits en vrac ou dans les emballages plus écologiques.