Le 22 mai 2017, six chalutiers chinois ont été repérés aux larges des côtes de la ville d’Obock à Djibouti. Suite à cela, les pêcheurs, et les habitants soutenus par plusieurs activistes se sont mobilisés contre la pêche illégale qui est considérée comme un pillage des ressources.
A Obock, 60 habitants vivent de la pêche artisanale, la pêche industrielle y est totalement interdite. Les eaux de cette région comptent parmi les plus poissonneuses de la planète et abritent des coraux fragiles, et précieux. Or aujourd’hui ces récifs coralliens, abîmés par le chalutage de fond sont en danger, ce qui pourrait par la suite avoir des impacts négatifs sur le secteur touristique.

Cette problématique est globale sur le continent africain, le plus touché par la pêche illégale. Environ 40% des poissons sont péchés illégalement. Il est aujourd’hui impossible de déterminer avec précision quelle quantité de poissons est pêchée. De plus cette pêche illégale est un manque à gagner pour les pays africains.

Dans certains pays cette surpêche menace la sécurité alimentaire car le poisson y est une denrée de base. C’est le cas au Sénégal, ou l’affaiblissement des stocks a un impact direct sur le pouvoir d’achat des sénégalais. Ainsi les revenus de près de 700 000 sénégalais dépendent de la pêche.
Le responsable du programme Océan de Greenpeace a récemment déclaré « que la surpêche conjuguée à l’accroissement démographique et aux changement climatiques met en péril la sécurité alimentaire des pays de la zone ».

Cette pêche illégale est principalement le fait des chalutiers étrangers soutenus par des accords bilatéraux avec un pays de la zone ouest africaine. Le manque de cohésion des Etats qui accordent le droit de pêche à certains pays étrangers alors que d’autres refusent augmente le taux de pêche illégale. De plus, les bateaux qui sillonnent au large ne s’arrêtent pas à la zone pour laquelle ils ont obtenu une autorisation.

Le moteur du crime est le « high profit, low risk », le marché de la pêche illégale est soutenu par une demande croissante des clients chinois ayant un fort pouvoir d’achat, mais aussi par la relative impunité des criminels. N’étant pas une priorité absolue, la pêche dans cette zone est bien trop rémunératrice pour être stoppée. L’absence de réglementation et de gestion commune entre les pays incitent les chalutiers à commettre des infractions.

Du côté de l’Union européenne, le 25 avril 2017 la Commission européenne avait publié un rapport d’évaluation du règlement sur le contrôle de la politique commune de la pêche. Conclusion, la Commission a constaté que la lutte contre la pêche illégale est inopérante à cause des systèmes défaillants des états membres.
Alors que plusieurs pays européens veulent aller vers des interdictions plus importantes, notamment la France qui veut interdire la pêche électrique.

L’union Européenne recommande le développement des systèmes de partage d’informations entre les Etats membres via la mise en place des plateformes numériques et veut renforcer le rôle et la responsabilité de l’Agence européenne de contrôle des pêches (EFCA) pour améliorer la situation.

Elisabeth Druel, avocate pour une association britannique, demande à la commission de réagir « s’ils ne se décident pas à appliquer la réglementation sur la pêche, il n’y aura plus de poissons dans les océans ».

Or une autre menace plus importante se propage, celle de la pêche minotière. Dans un rapport publié le 14 février 2014, l’ONG Bloom a dénoncé les ravages de la pêche destinée à produire des farines et des huiles alimentant les élevages de poissons, de porcs, de volailles.