L’Agence française du médicament (ANSM) a décidé le 6 juillet 2017 d’interdire aux femmes enceintes souffrant de troubles bipolaires les médicaments Dépakote et Dépamide à cause des risques de malformation des bébés ou des troubles du développement.

Après le scandale de la Dépakine (qui était utilisé pour soigner l’épilepsie), l’ANSM a lancé une alerte sur le Dépakote et le Dépamide. Ce produit à base de valproate (la même molécule que la Dépakine) risque d’entraîner des malformations pour les bébés ou des troubles du développement si ce traitement est suivi par des femmes enceintes.
L’alerte lancée par l’agence du médicament est légitime dans la mesure où la Dépakine a provoqué depuis 1967 des malformations congénitales graves chez 2 150 à 4 100 enfants dont les mères avaient pris ces traitements lorsqu’elles étaient enceintes. Selon l’estimation de l’épidémiologiste Catherine Hill, le nombre de victimes potentielles peut monter à 14 000.

Chez les patientes bipolaires en âge de procréer, un test de grossesse, sur prélèvement sanguin effectué en laboratoire, sera dorénavant obligatoire avant de commencer le traitement initié par un psychiatre. Selon le docteur Dominique Martin (le directeur général de l’ANSM) « dans le cas des troubles bipolaires, il y’a toujours une alternative au traitement au valporoate pendant la grossesse ». Dépakote et Dépamide ne pourront être prescrits qu’en dernier recours, en cas d’inefficacité des autres traitements ou d’intolérance de la part des patientes.

Désormais, les emballages de ces médicaments devront comporter l’alerte : « Dépakote » ou « Dépamide » + grossesse = interdit ». A cette inscription, s’ajoute un pictogramme représentant une femme enceinte entourée par un rond rouge barré. Ces avertissements seront accompagnés d’une mention interdisant l’utilisation du médicament chez les femmes en âge de procréer et sans contraception efficaces ou enceintes.

En outre, l’ANSM invite toutes les femmes bipolaires en âge de procréer traitées par valproate à « se rapprocher immédiatement de leur médecin afin d’étudier avec lui le report vers la meilleure option thérapeutique » ou pour mettre en place les précautions adéquates si ce traitement est maintenu. Celles qui seraient déjà enceintes doivent « consulter en urgence » leur médecin pour interrompre ce traitement et le remplacer. Si la grossesse est poursuivie, un suivi attentif de la mère et de l’enfant à naître doit être engagé.