Dans son édition de septembre, le magazine 60 millions de consommateurs a mené une enquête sur les allégations de l’industrie agroalimentaire, cette dernière affirmant qu’elle n’utilise pas d’ingrédients à base de nanoparticules (comme l’oxyde de fer, le dioxyde de titane etc…).
Les journalistes ont ainsi lancé l’analyse de 18 produits sucrés, précisément des bonbons, gâteaux et desserts glacés appréciés des enfants qui seraient susceptibles de contenir du dioxyde de titane sous forme nanoparticulaire avec le colorant E171. Dans les aliments, les nanoparticules permettent de modifier couleur, odeur ou encore texture. Le colorant E171 est couramment utilisé dans l'industrie agroalimentaire et cosmétique pour blanchir confiseries, plats préparés et même des dentifrices.

Le résultat est sans appel. Sur tous les échantillons testés, des nanoparticules de dioxyde de titane ont été retrouvés. Aves des proportions différentes, ces nanoparticules représentaient 10% à 100% de l'additif présent dans les différents produits testés comme les biscuits Napolitain de Lu (12%), les M&M's (20%) ou encore les gâteaux glacés Monoprix Gourmet (100%).

Mais le souci soulevé par l’association 60 millions de consommateur est que, conformément à la réglementation en vigueur (notamment le règlement n° 1169/2011 du parlement européen et du Conseil du 25 octobre 2011 concernant l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires), la mention sur leurs étiquettes de la présence de ces nanoparticules auraient dû apparaître pour ces échantillons. Or ce n’est pas le cas. L’enquête en arrive à l’interrogation suivante : les marques ignorent elle la présence de ces nanoparticules ou nient-elles le problème ?

Derrière ce manquement, l’association 60 millions de consommateurs avance plusieurs hypothèses. Tout d’abord, il est possible que les industriels n’aient pas accès à l’intégralité des informations de leurs fournisseurs. Par ailleurs, la définition d’un matériel dit « nano » impose « au minimum 50 % de particules de dimensions comprises entre 1 nm et 100 nm » donnée par la Commission européenne en 2011 (recommandation de la Commission du 18 octobre 2011 relative à la définition des nanomatériaux) alors que le règlement européen ne prévoit aucun seuil minimum.
La journaliste pour l’association 60 millions de consommateurs, Patricia Chairopoulos, a réclamé des études sur la santé humaine en affirmant. Selon elle "ce qui est troublant, c'est que ces nanoparticules sont lâchées dans notre alimentation alors qu'on ne sait pas encore ce qu'elles vont provoquer dans notre organisme ».
En janvier 2017, une étude de l’Institut National de la recherche agronomique concluait que l’exposition continue de rats au colorant E171 avait pour conséquence de favoriser chez eux une croissance de lésions précancéreuses. Suite à cette étude, l’Agence nationale de santé a été saisie pour déterminer la dangerosité du produit chez les consommateurs.
Toutefois, aucune étude n’est arrivée à établir que le colorant E171 favorise le cancer chez l’homme.

Selon la répression des fraudes, des contrôles sont effectués depuis 2015 et en 2016, l’absence de nanoparticules a été constatée sur 54 produits contrôlés. Néanmoins, en 2017, des analyses en laboratoire actuellement en cours ont mentionné la présence probable de « nano-ingrédients » dans quatre aliments sur les cinq déjà analysés.
Il faudrait pour cela faire davantage d’études sur le sujet. Malgré tout, des associations ont adressé, le 17 juillet dernier, une lettre ouverte au gouvernement français en réclamant « la mise en place urgente de mesures de précaution », par le biais de l’interdiction temporaire des nanoparticules présentes dans le colorant E171.

L’association Agir pour l’environnement, juge « la persistance de cette contamination comme un véritable scandale qui engage la responsabilité du gouvernement, des industriels et des distributeurs ».